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Carretera Australe
Nous repartons raisonablement bien reposés de El Bolson, en Argentine. Nous avons pu profiter de la cuisine, du délicieux petit-déjeuner inclus de notre cabana, sorte de petit appartement au fond d'un jardin. (La région en est remplie, à croire que tout le monde s'est donné le mot et veux sa part du gâteau touristique qui atteint son pic normalement aux mois de décembre-janvier et février.)
Nous sommes hors saison, les prix sont à la baisse, les lieux pratiquement vides et les propriétaires aux petits soins. De la petite ville de El Bolson nous ne visiterons donc que le quartier entre notre QG et le supermarché. Il y a pourtant beaucoup de marches ou autres activités à faire dans le coin, mais nous on est dehors 24h/24 quand on roule, alors quand on arrive dans un endroit civilisé c'est pour se reposer. Ou essayer, comme indiqué plutôt, puisque les Argentins apparemment aiment autant les chiens que leurs voisins Chiliens. Chaque maison semble en avoir 4 ou 5, et ces espèces de bestiaux on les mêmes horaires que leurs maîtres. Ici, on soupe (ou on dîne) vers 22h, et c'est à ce moment là et pour une bonne partie de la nuit que les clébards de toute la ville s'aboient dessus jusqu'à l'agonie... On se réveille le matin avec de petits yeux, les chiens eux vont se coucher... Pas grave, on fera la sieste !
Premier jour du mois d'octobre, nous reprenons donc la route en direction du sud. Le ciel est gris, la route un peu vallonnée mais on a le vent dans le dos. Moins de barbelés qu'au Chili, on se trouve tous les soirs un chouette coin pour camper.
On quitte la route nationale 40 un peu trop encombrée à notre goût et on fait le détour par un parc national. Et là encore on a du bol, on parle un moment avec le gardien qui a des soucis de Didymo comme en Nouvelle-Zélande; il nous indique sur une carte les 3 ou 4 campings où nous pourrons camper gratos ce soir et puisqu'on est hors saison, il n'y a pas de frais d'entrée à payer. Hop là, CHF 20.- / 15€ d'économisés !
La route du parc est beaucoup plus tranquille et nous ne croiserons pas beaucoup de monde mais le ciel est menaçant. Nous arrivons vers 18h au bien nommé camping gratuit "El Frances" (Le Français) et nous passerons la soirée et la nuit avec pour seule compagnie le bruit des vagues et un couple de canard. Quelques gouttes lorsqu'on se met au lit, puis la pluie qui ne s'arrête pas jusqu'au matin. Une accalmie pour notre petit-déjeuner puis ça reprend de plus belle et ça ne semble plus vouloir s'arrêter. On réfléchi et on relativise, la dernière fois qu'on a du rouler sous la pluie, ça devait être en Équateur, alors on se dit qu'on a quand même du bol. La règle officieuse étant qu'on a le droit de râler et de se plaindre après 3 jours.
Le capuchon bien fermé, les gants dans la gore-tex (qui n'est plus tellement étanches après tous ces mois sur la route) on roule sans grand enthousiasme il est vrai, jusqu'à trouver un petit village et un coin à l'abri pour allumer le réchaud. Un bon chocolat chaud, une omelette et c'est reparti mouillés pareil, la pluie ne s'étant pas calmée. Le soir le baromètre remonte, on mange même dehors. On se relève tout les deux pendant la nuit pour aller au petit coin, la tente est recouverte d'une couche de glace ainsi que nos gants et pulls qui étaient pendus dans l'entrée.
Humidité et nuit fraîche ne font pas bon ménage, mais le ciel est clair et au dessus de nos têtes on ne voit que des étoiles. Un peu de nuages le matin, le moral est au beau fixe contrairement au dos de Eric qui le fait souffrir. Nerf déplacé ou faux mouvement on ne sait pas, toujours est-il qu'il arrive plus ou moins à pédaler mais impossible de faire d'autres mouvements. On décide de faire les 10km qui nous séparent du village de Trevelin et de s'y poser quelques jours. C'est ça ou prendre le risque que ça s’aggrave, à 2 mois de la fin de notre voyage ce serait vraiment trop bête de tout chambouler maintenant. Arrivés en ville sous le soleil, on se trouve une auberge de jeunesse sympa où nous pourrons à loisir nous reposer, faire sécher nos affaires et utiliser la cuisine.
Le lendemain ça ne va toujours pas mieux, mais la frustration d'être coincé là alors qu'on a envie d'avancer est la plus forte et on repart en direction du Chili en début d'après-midi. La piste devient mauvaise et secoue beaucoup nos vélos, mais par miracle les bosses décoincent le dos d'Eric. La douleur est partie comme elle est venue, d'un coup et sans vraiment en connaître les raisons. On se pose sur une aire de camping gratuite (en tout cas en cette saison) à 200m du poste frontière. Ce soir, c'est pain sur le feu et à nouveau une nuit tranquille au bord d'une rivière.
Le lendemain on se présente aux douaniers Argentins les yeux encore un peu endormis, 100m de plus et nous sommes à nouveau au Chili. Petit-déjeuner sur la place vide de Futaleufu, quelques courses pour tenir jusqu'à demain et après 80km nous rejoignons la route numéro 7, plus connue sous le nom de Carretera Australe.
La route n'est pas goudronnée, mais nous roulons bien, les gens nous saluent ou nous font des pouces en l'air, on traverse des forêts, on longe des rivières et on traverse beaucoup de ponts. Dommage que les quelques conducteurs que nous voyons chaque jour se prennent pour des pilotes du Dakar. Les mêmes qui nous encourageait sur le pas de porte du magasin il y a une heure nous double avec leur beau 4x4 tout neuf à 100km/h en faisant projeter des pierres sur nous et nos vélos. Pas stupides mais vraiment inconscients, c'est rageant !!
Les jours et les kilomètres défilent. On adore rouler par ici même si on doit avouer que les paysages sont un peu toujours pareils et que ça en devient lassant. Le temps est gris depuis une semaine, ça n'aide sûrement pas à s'émerveiller devant chaque trou d'eau. Mais il faut bien avouer que l'ambiance dans ce coin du monde est vraiment particulière. Un village tout les 60 ou 80km et au milieu plein de vide. Et quand sur notre carte il y a un village annoncé on tombe parfois sur un petit groupement de maisons. Deux fermes, des poules, des vaches, des cochons, des moutons, des chevaux, des chèvres, tout ça en petites tailles aussi. C'est le printemps et certains nouveaux-nés sont tellement frais qu'ils tiennent à peine debout.
Les coins camping s'enchaînent et se ressemblent. A 17h on commence à être attentif à un éventuel bout d'herbe où nous pourrions planter la tente. L'attente n'est jamais très longue, un ruisseau ou une cascade et la vue sur les montagnes. Et vu le temps qu'on passe à chaque fois sur « nos » coins il vaut mieux qu'on s'y sente bien et en sécurité puisqu'on n'y repart souvent que 14h plus tard ! Les soirées sont longues, nous sommes au printemps et chaque jour nous avons droit à un peu plus de lumière. Pour le moment, le soleil se lève vers 6h30 et ne se couche qu'à 20h30. Il faudra vraiment qu'on trouve une technique pour avoir nos heures de sommeil, d'après notre GPS, vers Ushuaïa vers fin novembre il fera jour de ... 4h30 à 23h !
Une fois par jour en moyenne on retrouve quand même la civilisation. Une boulangerie, une petite épicerie pour faire le plein de pâtes, de riz ou de polenta, des tomates ou des carottes et quelques biscuits et c'est reparti. Les Chiliens par ici sont courtois mais discrets, nos échanges se limitent souvent des formalités lors de nos achats, mais c'est en partie cette ambiance particulière de bout du monde qui rend cette Carretera Australe si spéciale.
Le 10 octobre on se paie l'entrée du Parc National de Queulat (CHF 7.- / 5€ quand même !) ;) pour aller voir de plus près le glacier Ventisquero. La ballade est sympa, le glacier craque au loin et la vue magnifique 1h de marche plus tard. Le lendemain on retrouve le goudron et on file sur Coyhaique avec un vent toujours aussi clément avec nous et qui nous pousse dans les montées. Le soleil joue à cache-cache et nous laisse apercevoir les sommets enneigés des montagnes. Une dernière montée et nous voyons LA ville au loin. 1h plus tard on trouve le bon plan du jour, petit appartement chez une grand-mère attentionnée, une machine à laver et un four pour les 3 jours de repos qui vont suivre.
On prend comme d'habitude le temps de trier nos photos, de mettre à jour le site, de raccommoder un pantalon qui se fait vieux et de graisser des roulements plus tout jeunes non plus et puisque c'est samedi on se paie même un bon resto. Y a pas a dire, un bon steak ça fait quand même toujours du bien! On calcule aussi plus précisément ce qu'il nous reste à faire avant Ushuaïa. 1600km au bas mot, c'est peu et beaucoup en même temps. Il nous reste 6 semaines si on veut pouvoir remonter en bus jusqu'à Buenos Aires l'esprit tranquille. Assez de bla-bla, on est à la bourre, alors en selle !
PS: Pas assez de place pour répondre à certaines de vos questions très pertinentes alors on a complété notre billet sur les questions-réponses ... A lire ici
Et sinon, vous rentrez quand ?
Nous quittons la petite ville de Los Andes après avoir bien profité de l'hospitalité de la Casa de Ciclistas de Eric Savard et en ayant essayé de calmer nos accès de boulimie. Sortir de la Bolivie et de ses restrictions alimentaire nous aura fait nous ruer sur à peu près tout ce qui se mange et dans une quantité non avouable ici. Encore un de ces coins où on serait bien restés plus longtemps mais voilà, le sud nous attend et c'est bientôt le printemps. Nous avons eu droit à notre journée de ski, maintenant il faut se remettre en route.
80km sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute (seule route!) qui mène à Santiago, un peu de trafic mais surtout pratiquement dès l'entrée de la ville, une jolie piste cyclable qui nous mènera directement à la station de bus. C'est la fin des vacances pour les Chiliens, nous aurons donc droit à un bus quasiment vide et une réduction de plus de 50% pour nos billets (par contre pas de promo pour les vélos, on aurait eu meilleur compte d'acheter un ticket pour eux aussi...) Quelques heures d'attente dans la capitale et nous sommes en route avec un bus de nuit en direction de Temuco, quelques 676 km plus au sud.
Le jour se lève à peine lorsque nous arrivons en ville... Du brouillard et des gouttes qui viennent s’écraser contre la vitre, on est un peu dépité. Malgré toutes nos préparations psychologiques comme quoi le temps clair et sec de l'Altiplano était bien fini, c'est un peu dur de retrouver un temps froid et humide. Mais aujourd'hui c'est notre jour de chance, le sud à décider de nous accueillir en douceur et le temps de boire un café et de se rendre au centre, le brouillard à disparu laissant place au soleil.
La suite ressemblera à une belle semaine de vacances... Du brouillard le matin, grand soleil l'après-midi ! On se ballade au milieu des champs, de villages en villages nous redécouvrons une atmosphère pas bien différente de notre vieille Europe. Nous sommes tout émerveillés de revoir des arbres, de l'herbe verte bien grasse pour camper (bien humide aussi!), des vaches dans les champs, des WC propre et avec du papier (!), des gamins qui jouent dans les parcs, des voitures neuves et de marque française et les prix du supermarché qui ont plus que triplé par rapport aux « tiendas » du Pérou ou de Bolivie... On claque en une seule fois ce qu'on a peiné à dépenser en un mois en Bolivie... C'est le jeu, on ne peut pas avoir du choix et du nutella et payer 3 fois rien !
La route goudronnée se transforme en piste par endroits mais facile à rouler, plus question de pousser les vélos dans le sable ! Le volcan Villarica au loin nous montre le chemin pour l'Argentine. Parce que depuis là, nous allons zigzaguer entre les deux pays jusqu'à notre destination finale : La Terre de Feu et Ushuaïa.
Un ferry et un tampon nous voilà sur le sol argentin. Mis à part l'accent et la vitesse à laquelle parle les gens par ici, la monnaie et la couleur des plaques d'immatriculation, la vie n'est pas bien différente qu'au Chili. Ici aussi il a du WIFI gratuit sur les places de village, et ici aussi on mange un pique-nique à midi puisque les menus du jour sont redevenus trop cher pour notre budget. Mais ça nous va bien, ça nous manquait de grignoter un sandwich à l'ombre et de faire un peu clochard. C'est toujours amusant de voir que suivant les pays nous sommes tantôt de riches touristes, tantôt presque des sans-abri.
Depuis la petite ville de San Martin de Los Andes, nous roulons entre lacs et montagnes, chaque virage nous fait découvrir un nouveau sommet enneigé et nous campons au bord de l'eau ou dans la forêt. Le soleil fait place à la pluie, le vent est parfois dans le dos, souvent de face. Nous ne comptons plus le nombre de lacs que nous longeons. Tantôt bleus, tantôt noirs à cause des nuages, l'eau des rivières est incroyablement claire et la vie sauvage toute proche. Nous avons le droit à beaucoup de pouces en l'air et d'encouragement de la part des argentins, quelques doigts du milieu aussi et des conducteurs stupides et dangereux, mais malgré cela nous sommes sur un petit nuage puisque nous venons d'entrer en Patagonie.
Et sinon, vous rentrez quand ?
Depuis que nous avions pris la décision de continuer notre voyage en Amérique du Sud, nous nous étions toujours dis que si nous poursuivions le voyage, c'était avec un nouvel objectif et une date de retour.
L'objectif, c'était facile. La route des Andes et la Patagonie sont des endroits mythique et très courus pour les cyclos. Pour nous, le chemin était tout tracé. Si nous allions en Amérique du Sud, nous mettrions le cap au sud et le point final serait Ushuaïa. Pas pour la ville en elle même que l'on imagine pareille aux autres, mais pour tout ce qu'il y a au milieu et pour conclure notre tour en vélo au bout du monde.
Pour la date de retour, c'est plus compliqué ! Notre expérience en bateau pour faire le trajet depuis la Nouvelle-Zélande nous a enchanté. Ce moyen de transport nous a parfaitement convenu puisqu'il est pratiquement sans contrainte lorsqu'on voyage à vélo avec un gros surplus de bagages, qu'il nous a permis de nous reposer, de faire un tri dans nos photos et dans nos vidéos, d'apprendre un peu l'espagnol et surtout de nous préparer en douceur à une nouvelle étape de notre voyage.
Pour nous il était donc évident que le retour en Europe se ferait sur le même modèle. Dès notre arrivée sur le sol colombien nous avons donc commencé les démarches pour réserver un passage sur l'Atlantique.
Jusqu'en mai, tout suivait son cours normal et on autorisait même la compagnie Grimaldi (la moins chère pour ce trajet) à nous débiter un acompte pour une cabine au départ de Buenos Aires, en Argentine. Mais en juin, les mesures protectionnistes de l'Argentine ont finit par se répercuter sur le trafic maritime : de 1 bateau par semaine, le trafic est passé à 2 par mois --> toutes les réservations se sont annulées pour la fin d'année. Finalement un nouveau planning a enfin été validé à partir de Montevideo en Uruguay (car c'est visiblement devenu un peu la panique dans les ports Argentins ...). Tout cela reste donc un peu aléatoire, la date exacte et le lieu de départ vont probablement encore changer un peu, mais nos nerfs se sentent tout de même un peu mieux maintenant.
De là, il nous faudra entre 25 et 35 jours pour traverser l'atlantique, selon le temps passé dans les ports brésiliens, à Dakar, en Angleterre et en Allemagne, et aussi selon la force de la houle hivernale. Ça, ça serait vraiment dommage, le mal de mer n'aide sûrement pas à digérer un repas de Noël ... C'est donc vers début janvier 2013 que nous devrions finalement arriver à Anvers, en Belgique ; bien malin celui qui peut dire où nous serons pour la nouvelle année.
Et depuis Anvers, il nous restera encore environ 750 km de vélo pour revenir au point de départ par l'autre côté, presque 3 ans après l'avoir quitté.
La date exacte d'arrivée en Suisse restera donc à déterminer en fonction de notre date de débarquement, de la quantité de neige sur les routes européennes et du nombre d'arrêts dans les boulangeries et autre charcuteries rencontrées en route, mais on se débrouillera pour arriver le samedi 12 ou le samedi 19 janvier 2013.
Mais avant ça il nous reste encore quelques 2500 km à pédaler, entre montagnes et glaciers et un trajet en bus pour remonter depuis Ushuaïa. Nous repartons de El Bolson demain en direction de Futaleufú, au Chili et rouler un moment sur la Careterra Australe.
PS : pour ceux que ça peut intéresser, voilà les chiffres provisoires depuis le début.
Note : les dénivelés ne sont pas jour, on a probablement dépassé les 300'000m.
PHOTOS BOLIVIE


09-08-2012
Un arrêt de bus qui à l'air utilisé : chose rare ! D'habitude les gens font signe au bord de la route et pour nous ça veut dire que les bus plantent les freins tous les 100m juste devant nous...


14-08-2012
La Paz. Foetus de lamas séché, censé porter chance lorsqu'il est enterré sous les fondations de votre nouvelle maison.


17-08-2012
Notre nuit presque la plus précaire depuis 2 ans, à côté du compost mais à l'abri du froid !


20-08-2012
Pour nous, le Chili et le goudron attendront. On tourne à gauche pour pour presque 750km de pistes


20-08-2012
Pour nous, le Chili et le goudron attendront. On tourne à gauche pour pour presque 750km de pistes


25-08-2012
Renard andin : "son noommm, il le signe à la pointe de l'épééée, d'un Z qui veut dire Zorrooooo. Zorrooo ! Zorrooo !"


26-08-2012
Prend soin de Pachamama (Notre mère la terre pour les Incas) sans déchets elle est heureuse !


29-08-2012
Cailloux sur l'île au poisson ressemblant étrangement à du corail, vestiges de l'ancienne mer intérieure qui recouvrait tout par ici il y a des centaines d'années


03-09-2012
Circulation obligatoire ... ben oui, de toute façon dans le sable juste à côté on avance pas...


05-09-2012
Retrouvailles avec un couple de cycos hollandais rencontrés à Cuzco. Leurs vélos sont au repos mais ils s'arrêteront pour nous donner deux pommes et du cake ! Premier fruit depuis 1 semaine... Merci !


Complètement à l'ouest
Après avoir bien profité de la Casa de ciclista pour nous tout seuls, on se décide quand même à repartir et Cristian nous guide pour trouver une route tranquille pour remonter vers El Alto. Ensuite, pas trop le choix, la route vers le sud est du même calibre que les dernières routes péruviennes : les vélos y sont considérés comme une nuisance insupportable, notamment par les chauffeurs de camion et de bus. Il n'y a pas beaucoup de routes goudronnées en Bolivie, alors ils veulent surement en profiter ... Heureusement, tout cela est en train de changer : comme en Equateur, le portrait du "sauveur" socio-populiste local, prénommé ici Evo Morales, est placardé tous les 5 km pour montrer comme il est beau, comme il est fort, et comme c'est lui avec ses petites mains qui fabrique toutes les belles nouvelles routes ; et celà reste bien moins impressionnant que ses spots de pub à la TV où une foule qui pleure de joie scande son nom suite à l'ouverture du nouvel aéroport "international" de Oruro, qui propose toute une gamme de vols : "Oruro - La Paz" ou bien "La Paz - Oruro". Et dire que ce n'est même pas une période électorale ...
Mais Evo ne pourra rien pour nous quand on réalisera que Mlle L. (pour ne pas la nommer) a eu la bonne idée de laisser notre carte de Bolivie à La Paz. C'est vrai en fait, ça sert à rien une carte : il y a des tonnes de panneaux d'indication par là et je me plains qu'on a trop de poids ... :( Coup de bol, on s'en rend compte juste avant Patacamaya, dernière "ville" avec des cyber-café avant 500km et on pourra réimprimer une version qu'on avait sur le PC. Ca prendra quand même 2 bonnes heures, le temps de passer une avoinée à un petit malin qui voulait me pomper en douce tout ce que j'avais sur ma clé USB et d'en trouver un autre qui a une imprimante en état de marche.
L'amabilité des lamas
Bref, après 2 demi journées de vélo et une nuit dans une rôtisserie, nous on tourne à droite pour rejoindre le Grand Ouest Bolivien. Et si le goudron est encore là sous nos roues pour 200km, le trafic est facilement divisé par 50, car au bout le route, il n'y a rien, pas de ville digne de ce nom, juste une frontière avec le Chili et vu que les chiliens et boliviens ne sont pas les meilleurs amis du monde, on est pas embêtés par les embouteillages. Le Sajama, point culminant de Bolivie a plus de 6500m nous montre la direction sur ces 200km et de magnifiques Chullpas (tombeaux) ponctue la route entre 2 troupeaux de lamas. La nuit, ça caille bien : -10°C un matin en se levant (après avoir fait la vaisselle, l'eau gèle dans les assiettes avant qu'on ait le temps de les essuyer) Alors on apprécie bien les couvertures en polaire qu'on s'est acheté à La Paz, parce que 500g de plume dans les sacs de couchage, c'est un peu trop léger par ici.
Arrivés à Tambo Quemado, on tourne à gauche juste avant la frontière, on dit au revoir au goudron pour une durée indéterminée. On sait qu'il y a des pistes qui vont là où on veut et certains de nos prédécecesseurs à vélo ont fait de super roadbook (Andes by bike, tour.tk) pour ces contrées reculées, mais l'état des pistes peut changer en quelques semaines et on ignore donc la quantité de sable et de cailloux qui les recouvre actuellement ; difficile d'estimer le ratio pédalage - poussage.
Les premiers jours nous rassurent un peu, on passe facilement la barre des 40km par jour et les paysages sont eux assez inédits : pas d'arbres, mais des montagnes, des volcans, des lacs, des lamas, des lapins à grande queue (vizcachas), encore des lamas, des suris (genre de petite autruche, aperçues seulement de loin tellement elle court vite), encore des lamas et des flamants roses. Avant de se renseigner un peu sur la Bolivie, on pensait que les flamants se cantonnaient dans les régions chaudes, mais ici à plus de 4000m, ils semblent bien se faire aux températures négatives ...
Côté population locale, c'est tout aussi surprenant. On savait qu'on ne verrait pas grand monde, mais à ce point là, c'est presque flippant. Chachacomani est presque un village normal, à Macaya, le village est déserté, seul reste un détachement militaire logé dans un fort digne de Lucky Luke, pour surveiller les flamants roses du lac et une église tout aussi typique. Un chien aboie et on entendra des cris d'enfants semblant venir d'une école flambant neuve, mais rien de plus. Pourtant ils doivent bien avoir des parents ces gamins ?!? A la sortie du village, la piste du roadbook n'existe plus, on se perd un peu sous un soleil de plomb, mais on en profite pour voir à nouveau des chullpas. A Cruzani, des bâtiments qui semblent pourtant utilisés sonnent le creux. A 17h on arrive à Julo où la population locale semble avoir résisté à l'épidémie de disparition. On remplit nos réserves d'eau, des gamines nous guident chez leur tante qui fait épicerie (si tant est qu'on puisse utiliser ce mot pour une maison sans enseigne qui vend uniquement des crackers et des sucettes) et on reste finalement dormir dans l'école après avoir fait une partie de basket sur l'insistance de ces mêmes infatigables gamines, toutes contentes de parler avec des étrangers. On apprendra d'elles qu'un autre cyclo à dormi ici il y a une semaine et qu'un autre couple est passé il y a 2 jours. On est pas les seuls à aimer ce genre de coin :)
Même scénario le lendemain, on alterne les villages vides et les rencontres furtives. Pour encore se protéger du vent glacial, on dormira dans une école en construction à côté du village, en apercevant seulement une vague silhouette au loin, au milieu de 50 maisons fantômes. Les lamas eux, sont toujours aussi nombreux et sympas ; pas un pour nous cracher dessus.
7 jours depuis La Paz et on arrive à Sabaya pleins d'illusions, avec des poulets-frites dans la tête, puisque d'après notre roadbook, on peut trouver à se loger et un peu plus que des crackers à manger. Illusions rapidement envolées, un resto sert un repas juste mangeable (toujours ce satané riz blanc ...) et les rayons des 2-3 échoppes ne nous promettent pas grande diversité alimentaire. On rachète donc du pain dans LA maison - boulangerie, et on tire jusqu'à Llica, village réputé un peu moins paumé à encore 2 jours de pâtes d'ici.
Boulangerie ouverte (si quelqu'un veut bien répondre quand on frappe)
Toujours du vent et pas toujours dans le dos (en général quand on en parle pas c'est qu'il est dans le dos justement ...). Au passage, on traverse un premier Salar, celui de Coipasa, probablement un des plus grand au monde aussi, mais dont tout le monde se fout tellement il est proche du maitre en la matière. Mais pour nous c'est quand même magique, car il faut bien avouer que rouler sur de telles étendues blanches c'est assez particulier. Selon comment le sel sèche, c'est par endroit bosselé, presque inroulable tellement ça tape, ou bien mou, marécageux, ou encore dur et lisse avec 20 cm d'eau par dessus et enfin, par endroits, c'est comme une dalle de ciment ultralisse qui n'en finit plus. Inutile de dire quelle configuration on préfère.
La retour vers la piste en terre est rude, les 25km avant Llica sont un enfer de sable et de tôle ondulée. 3h pour s'en sortir. 2 jours de repos à Llica, entre internet et poulets-frites et en attendant que les premiers nuages depuis 2 mois veuillent bien se dissiper pour nous laisser un beau soleil pour le ...
... Salar de Uyuni
Le 28 août, on repart de Llica, en rêvant encore d'étendues blanches et lisses. Du blanc, on en verra. Pendant plus de 60km. Du lisse, beaucoup moins. On ne sait pas si c'est spécial cette année ou si les autres cyclos rencontrés avaient trouvé ça marrant et nous l'ont caché, mais on ne s'attendait pas à se taper les fesses de la sorte. Presque pas 5 min sans ces petites bosses irrégulières qui nous calent à 12km/h de moyenne, comme si on roulait sur des gros pavés, à perte de vue...
Heureusement, le paysage paie largement pour ce désagrément. Du blanc, du blanc, du blanc et au loin, 2 - 3 îles dont il est strictement impossible d'estimer la taille et la distance tant l'uniformité du paysage fausse les perspectives.
Le phénomène est d'ailleurs une source infinie de photos marrantes. On jouera un peu nous aussi avec notre terre gonflable (voir article précédent) mais pas trop car le vent nous oblige à aller nous cacher sur une île au loin pour la nuit, faut pas trop trainer.
Mais comme beaucoup d'autres cyclos avant nous, l'ambiance surréaliste nous fera quand même perdre un peu les pédales et on sera pris d'une envie subite de prendre l'air ...
On arrive finalement sur une île déserte pour la nuit et on campe sur la plage, en compagnie des cactus, vizcachas et vestiges de récifs coralliens, témoins de l'ancienne mer intérieure à l'origine de ces Salars.
Le lendemain c'est reparti pour encore 50km de blanc et de tape-cul direction plein sud, pas loin des mines de lithium ...
Ouvrez la parenthèse
Oui, parce que le Salar, c'est beau, c'est splendide, c'est un super terrain de jeu, mais c'est surtout gavé de lithium. Peut être même que 50% des réserves planétaires de ce métal mou seraient cachées dans le sel de la région. Et le lithium, ça prend chaque jour de la valeur, parce que pour stocker l'électricité, on a encore rien trouvé de mieux : c'est léger, efficace, la température n'a aucun effet dessus. Toutes les batteries modernes en contiennent ; nos piles de secours en sont pleines et ça fait 2 ans et demi qu'elles tiennent la charge.
Mais évidement, c'est pas vraiment à coup de 3 grammes dans des téléphones que les problèmes arrivent (encore que Apple va probablement vendre plus de 10 millions de son nouvel Iphone5 en moins d'une semaine, ...). Là où ça se complique vraiment, c'est qu'en occident on trouve que le pétrole c'est vraiment pas bien (enfin, surtout quand il n'y en aura plus) mais on ne veut surtout pas se passer de voiture (ben ouais ! On va comment au ski après !!) Alors on commence à acheter des voitures électriques, parce que c'est beau, propre, ultra-écolo, avec de jolies batteries qui contiennent au bas mot ... 3kg de lithium ... Alors les compagnies minières et le gouvernement bolivien, c'est avec des gros dollars dans les yeux qu'ils pensent au Salar. Les uns rêvent de créer des emplois (et d'augmenter leur valeur en bourse) en alimentant la demande mondiale en véhicules "écolos" et les autres veulent enfin en finir avec cette image de pays le plus pauvre d'Amérique du sud (si tout ne disparait pas dans les poches de quelques uns).
La beauté unique du lieu ne pèse paradoxalement pas lourd face à la force commerciale de "L'Ecologie". Le pétrole aura abimé l'atmosphère, le lithium va bousiller le Salar. Et on met quoi après dans nos bagnoles quand il y a plus de lithium? On démonte le Mt Blanc pour voir de qu'il y a dessous? Peut être qu'on y trouvera une autre substance magique après tout?
Va falloir sérieusement réfléchir à aller au ski en vélo ...
Un peu de lecture en prime :
La Bolivie sur un baril de lithium
Le triangle du lithium vers un nouvel eldorado
Le pari bolivien
Fermez la parenthèse, retour en selle.
Après donc 100km sur du sel, on retrouve la piste et le circuit touristique standard de la région, fréquenté par une horde journalière de 4x4, qui font visiter en 3 jours ce qui nous en prendra 9. Inutile de dire qu'ils n'ont évidemment pas le temps de ralentir quelques secondes pour nous épargner un peu de poussière.
A San Pedro de Quemez, on trouve de quoi se ravitailler pour les 360km qui nous séparent de la prochaine ville. 360km, c'est pas énorme, mais le goudron n'est toujours pas d'actualité et nos roadbook nous promettent des bonnes séances de poussage, alors on se charge pour 7 jours ; en route on ne peut quasiment compter sur rien. 14 rations pour le matin, 14 rations pour le midi, 14 rations pour le soir, plus tous les en-cas. On s'en sort avec 17kg de nourriture, sans compter le poids des emballages. Avec 2 jours d'autonomie d'eau (18 litres), les vélos atteignent respectivement 50 et 70kg, comme nous. Sachant qu'il y a 3-4 cols à plus de 4'700m à passer, on a hâte d'en finir ...
Jour 1 :
Matin : facile, gros vent dans le dos, on avale le Salar de Chiguana en un rien de temps puisqu'il a la bonne idée d'être lisse, lui.
Après midi : horrible, la piste devient un enfer de cailloux et de sable. On met plus de 3h pour faire les 10km de montée bien raide, en devant pousser presque la moitié. En plus on doit continuer plus longtemps que prévu car le vent nous oblige à trouver un abri. Heureusement le paysage maintient une lueur de motivation et l'étude de traces de pneus de vélos laissées dans le sable nous occupent l'esprit. 8 jours plus tard, on apprendra que nos déductions étaient les bonnes, c'est bien Xavier, rencontré à La Paz, qui nous devançait de 2 jours :)
Jour 2 :
Fin de la montée, toujours horrible. Tu pousses, tu pédales 100m, tu pousses 200 ... A la fin, on pousse sans réfléchir si la piste est roulable ou pas tellement ça devient fatiguant de monter et descendre du vélo. Et ça continue jusqu'à ce qu'on rejoigne la piste principale qui part au Chili. Si on avait pas encore aujourd'hui le vent dans le dos, on aurait sérieusement réfléchi à changer de route et filer au Chili ... En plus on profite toujours de la bonne éducation de certains conducteurs et touristes en jeep : les premiers trouvent toujours inutile de ralentir pour éviter que leur 4x4 nous balancent des cailloux à la tête et quand ils ralentissent, c'est sur demande de leur client qui baisse sa vitre avec le zoom déjà sorti et qui, sans dire bonjour, nous siffle comme des animaux dans l'espoir de faire une bonne photo si on voulait bien le regarder. (Je ne sais toujours pas comment j'ai pu me retenir d'aller lui mettre un poing à ce c...)
On arrive finalement à la laguna Hedionda, où on ne prendra pas l'option "chambre double" entre 30 et 120 US$ (?!!??) dans l'"eco-hotel" du coin (j'ai toujours pas compris ce qu'il y a de "éco(logique)" a venir mettre un hôtel haut de gamme au milieu du désert). Ca sera camping au bord du lac et des flamants roses.
Jour 3 :
On zig zag entre les lacs et les volcans, c'est plutôt chouette, surtout que les 25 premiers kilomètres sont meilleurs que prévu et se font presque sans poussage. Ca se dégrade sérieusement ensuite avec presque 3h de sable presque inroulable malgré le vent dans le dos toujours sur-puissant. On se cache derrière le rocher du coin pour pique-niquer. Le moral est revenu, alors on saute le ravitaillement en eau du deuxième hôtel et on continue de pousser-rouler, sur des caillasses cette fois, vers le prochain coin abrité du vent, une formation rocheuse qui sert de coin pique-nique (et poubelle) pour les tours en jeep.
Jour 4 :
La route qui devait être difficile a été raclée récemment ; quelques kilomètres de tôle ondulée nous sont épargnés et on file donc bien plus vite que prévu à travers les superbes paysages ; on passe l'arbre de pierre et on arrive à l'entrée de la "Réserve Nationale de Faune Andine" qui couvre toute la pointe sud est de la Bolivie.
Passage obligé pour le Chili et passage obligé à la caisse : 150 bolivianos, 20CHF (16 euros). Il faut une semaine à un cycliste pour dépenser autant en nourriture ici. On le savait, on paie, pas de problème, mais on discute un peu avec le gardien quand même.
- C'est quand même un peu cher l'entrée du parc non ?
- Oui mais il y a les flamants roses, les vigognes (genre de lama), les lacs et les montagnes
- Ben oui, mais ... ça vous coûte pas très cher à entretenir tout ça. Ou bien vous les nourrissez un par un les flamants ? Au nord il y en a plein aussi et on ne doit pas payer ...
Mais le garde aura un éclair d'honnêteté absolument imparable :
- Oui, mais ici, il y a les touristes ...
- ...
Tout est dit, circulez, bonne journée.
Ce n'est donc pas une réserve de faune, mais une réserve de ... touristes.
Evidement, celà nous amène une fois de plus à réfléchir au tourisme de masse et à notre comportement à nous, touristes, dans ces contrées tellement différentes de chez nous. Et on arrive presque à penser que ce genre de "réserve" à touristes a finalement du bon : ça concentre la pollution touristique dans des endroits bien précis, faciles à identifier (il suffit d'ouvrir un guide de voyage), tout en laissant le reste du pays indemne de cette fièvre de "l'argent touristique facile".
L'inconvénient majeur reste évidemment que ces lieux naturels et historiques splendides seront bientôt inaccessibles pour beaucoup du fait de la flambée des prix d'entrée, même quand ils sont situés dans des pays parmis les plus pauvres du monde. 20CHF pour cette réserve, c'est comme 6 nuits d'hôtel ici en Bolivie. Comme si l'entrée au parc national des Grisons étaient facturée 500CHF (400 euros pour le Parc des écrins en France). Ca ferait cher la rando.
Heureusement pour les locaux, ils ne paient généralement pas ce genre de taxe. Mais beaucoup de laotiens et de thais qui habitent à moins de 200 km du Cambodge et des temples d'Angkor n'auront malheureusement jamais les moyens d'aller y faire un tour, parce que nous on est prêt à payer ça une fortune comparé au niveau de vie local. Et vu qu'une fois rentrés à la maison on veut du riz et des t-shirts toujours moins chers, leur usine n'est pas prêt de leur donner une augmentation suffisante ...
Et la flambée des prix est sûrement loin d'être finie. Au Machu pichu, le prix augmente chaque année soit disant dans l'espoir de limiter le nombre de visiteurs ... L'addition moyenne frôle déjà les 200CHF pour un jour et demi de visite (train et hôtel compris). Et si vraiment ils voulaient limiter le nombre de visiteurs, il suffirait de supprimer le service de navettes et de n'autoriser que l'accès à pied pour faire un peu de sélection, mais à 20CHF les 6 km de bus, ils n'ont pas tellement envie de s'en priver surtout avec plus de 1'500 clients par jour ...
Bref, on a payé, on a un joli ticket, c'est reparti.
Le vent à bien tourné, c'est pleine face maintenant. En plus depuis qu'on est entrés dans la réserve, en plus des jeeps, on voit des camions bennes et des convois de citernes d'acide sulfurique qui débaroulent sur les pistes ensablée. La mine du coin fait son business à travers la réserve ... Va comprendre ...
Ca gâche un peu la poésie de la Laguna Colorada et des vigognes ...
Jour 5 :
La route pour le col est bonne, tant mieux, on doit monter à 4'930m, record en date. Contrairement au col de Punta Olimpica au Pérou où j'étais complètement dans le gaz à partir de 4'700m, là, ça passe tout seul. Presque deux mois d'acclimatation à plus de 3'500m, ça aide. On va voir les geysers et on redescend vers le restaurant de Chalviri, réputé pour laisser dormir les cyclos dans sa salle une fois le service terminé. En route, on croisera un sympathique couple suisse allemand de plus de 50 ans, qui montent au nord avec un vent de fou dans la tête. Ca faisait 10 km qu'ils poussaient les vélos et ils avaient encore bien 5 km avant le premier abri ... Respect.
Jour 6 :
Réveil à l'aube pour laisser place aux jeeps qui viennent prendre le petit déjeuner au restaurant. Une fois qu'ils seront tous repartis, on profitera des sources d'eau chaude pour nous tous seuls.
Un dernier col à 4'700m et on arrive à la Laguna Verde, lac vert, quasiment sur la frontière. Aujourd'hui c'est Lydie qui n'a pas le moral, elle en a marre de pousser son vélo dans le sable (je ne comprends vraiment pas pourquoi ...). Mais comme il nous reste un jour de marge de nourriture on pousse (littéralement) 4 km de plus pour trouver un abri au pied des 5'914m du volcan Licancabur, pour essayer d'y monter le lendemain et finir cette épopée bolivienne en beauté.
Jour 7 :
Réveil encore à l'aube, on quitte notre camp de base à 4'400m et on grimpe en moins de 5h à presque 6'000m sans s'en rendre compte : un joli petit sentier, à peine un peu de neige vers le sommet, pas de mal des montagnes et pas de problème de souffle. Juste une vue incroyable sur tout ce qu'on vient de faire depuis 6 jours à vélo d'un côté et sur le désert d'Atacama au Chili, 3'500m plus bas de l'autre, avec le cratère et son lac gelé entre les deux. A 16h, on est de retour à notre camp et on ne met pas longtemps à s'endormir après un couché de soleil d'anthologie.
Jour 8 :
On plie le camp et on file à la sortie de la réserve, à 10 km de là.
Fatigue de la veille + gros vent de face = grosse mauvaise humeur.
Et ça ne fait que commencer. Arrivés à la cabane, on se pose 2min à l'ombre pour boire un coup et le gardien nous réclame déjà sèchement dans son bureau. Allons bon ...
- Vous avez escaladé le Licancabur hier ?
- Oui ...
- Mais vous aviez pas de guide ?
- Ben non et franchement, on voit pas bien pourquoi il en faudrait un ...
- Ah oui, mais le guide est obligatoire ici ! Alors maintenant vous devez payer une amende de 100$ par personne.
- Pardon ??!??
- Oui, ici c'est une réserve, il y a des règles à respecter, on ne peut pas faire n'importe quoi
Sauf qu'il n'y a rien pour nous informer de cette "règle" : ni son copain à l'autre entrée, ni le moindre panneau au départ du seul sentier qui monte au sommet ... Alors ça sent quand même beaucoup l'arnaque ...
- Tout le monde le sait, dit-il, Vous êtes français, vous devriez le savoir, c'est comme le Mt Blanc ...
Raté mon grand, le Mt Blanc c'est autrement plus dur et pourtant le guide n'est pas obligatoire ...
- Bon ok, je peux vous faire moitié prix, 30$ par personne
C'est donc un escroc qui ne sait pas compter, mais ça ne marche pas non plus ça, on a été à bonne école.
- On aimerait voir le règlement écrit s'il vous plait monsieur le garde
- Comment ça ?
- Oui, c'est une réserve nationale, il doit y avoir un règlement écrit.
- Ah euh .. oui ... Mais si on vous montre le règlement écrit, vous devrez payer la somme du règlement, c'est 100$, alors vous feriez mieux de nous payer 30$ tout de suite et on en parle plus, c'est mieux pour vous
- Je voudrais voir le règlement écrit. S'il vous plait
Et le voilà parti pour 30 min de recherches intensives dans son bureau de 10m2, meublé de 2 petites armoires sur lesquelles trainent 2 ou 3 classeurs. Pendant ce temps, son collègue, tout excité à l'idée de se partager le pactole déchiffre péniblement à voix haute les 2 circulaires affichées au mur dans l'espoir de trouver un petit indice qui abonderait dans le sens de leur arnaque.
Et toutes les 5 min il revient à la charge :
- Vous voyez ce livre, c'est le registre des gens qui escaladent et qui ont payé
- Très bien, mais moi c'est le règlement que je voudrais voir et il me faudra aussi une reçu officiel de l'amende que je suis censé payer. Sans ça, moi je ne paie rien. C'est la loi en Bolivie, c'est pour lutter contre la corruption.
Il nous menacera ensuite d'appeler le poste d'immigration pour qu'ils nous retiennent à la frontière. Beaucoup moins drôle, mais on a bon espoir d'être dans notre bon droit. Et il finira par essayer d'écrire un semblant de règlement sur une feuille volante. Alors là on lui dit stop, on reprend nos vélos et on le laisse rouspéter, en espérant qu'il ne soit pas trop bon copain avec les gars de l'immigration 6 km plus loin.
Une anecdote au passage : par curiosité, au cours de nos échanges cordiaux, je lui demanderai quel est le montant de l'amende pour les chauffeurs qui ne respectent pas les panneaux de limitation à 40km/h applicable dans tout le parc ; il me répondra que oui la vitesse est normalement limitée, mais que personne ne la contrôle car les vibrations des voitures sur la piste sont beaucoup trop inconfortables pour les touristes quand les voitures vont trop doucement ... Décidément, ils ont réponses à tout ces gardes ... Ils dépensent donc des milliers dans des panneaux de limitation que même les gardes trouvent inutiles, mais ils ont pas les moyens d'en mettre un au pied du volcan ?? Des chauffeurs nous diront même que c'est pas du tout un problème de chasser dans la réserve, les gardes ne quittent jamais leur cabane. Pas de bol pour nous, les gardes voient le Licancabur depuis leur chaise ...
6 km et 1h de vélo plus tard (oui le vent est toujours de face) on arrive au poste frontière. Les officiers nous accueillent avec le sourire et ont pitié de nous avec le vent glacial. En 2 minutes nos passeport sont tamponnés et ils ne nous demandent même pas la "taxe" de sortie de 3$ réclamé à certains qui passent par là. (Buffy qui passera 5 jours plus tard aura confirmation par les officiers eux mêmes, que ça dépend des jours, des fois ils la réclament, des fois pas ...)
Merci de votre visite en Bolivie, à bientôt !
Eclats de rire et congratulations mutuelles pour avoir résister calmement aux intimidations de ce garde en uniforme.
En réfléchissant un peu, son comportement n'est pas sans rappeler celui d'un animal sauvage qui est en contact trop proche avec les êtres humains. Il devient comme ces vizcachas (les lapins à grande queue) rencontrés la veille à côté d'un point de vue très fréquenté des tours organisés : normalement les vizcachas, on ne les voit que de loin. Quand on s'approche à moins de 20m, ils disparaissent apeurés dans les rochers. Mais ici, non. Ils savent trop bien qu'ils sont mignons et que les touristes vont leur donner la becquée. Alors au bout d'un moment, il s'approchent d'eux même, pour réclamer. Mais de la bouffe, on en a juste assez pour nous, alors on va surement pas en filer à des lapins ! (et même si on en avait assez on ne donnerai rien d'ailleurs). Alors les lapins, ils sont pas contents et ils s'approchent beaucoup trop près de nos sacs à notre goût et on doit finalement les chasser à coups de pierres (qui ne leur font même pas peur car ils pensent que c'est de la nourriture qu'on leur lance ...).
Le gardien du parc c'est pareil : au début les touristes sont contents de lui donner 3-4 balles, on a un peu pitié d'eux, ils ont pas grand chose en Bolivie. Et un jour le gardien il réalise qu'il a du pouvoir ; pas le pouvoir de séduction du petit lapin mais le pouvoir de l'uniforme. Alors il augmente le prix d'entrée ; 20 balles ; finalement pour un touriste c'est toujours pas grand chose pour acheter sa tranquillité face à un uniforme. Mais certains jours le gardien en veut plus. Et vu que nous, on a le culot de venir ici sans louer de jeep (qui rapporte un max à ses copains), il trouve qu'on ne paie pas assez et nous harcèle un peu. Tout comme les vizcachas qui se prennent parfois des pierres, le gardien se prend parfois la honte. Mais tout comme les vizcachas, il s'en fout, il sait que son arnaque marchera peut être la prochaine fois. Généralement, les touristes s'en foutent de payer 30$ en vacances ...
Finalement on ne sait toujours pas si c'est vraiment obligatoire d'avoir un guide pour aller se promener sur le Licancabur ; évidemment j'ai voulu en avoir le coeur net, mais depuis presque 2 semaines, mes emails à la direction de la réserve restent sans réponse. A suivre, mais il y a fort à parier que d'ici peu de temps, l'accès à la réserve sera totalement interdit sans prendre un guide avec jeep à 100$ par jour, pour des raisons de sécurité sûrement. Sauf que actuellement, le plus dangereux dans la réserve, ce sont les guides qui conduisent les jeeps justement : sur les quelques 200 jeeps qu'on a vu en 7 jours, l'immense majorité n'a pas daigné levé le pied de l'accélérateur en passant à 80km/h dans les pierres à moins d'un mètre de nous. Une petite dizaine a ralenti poliment en nous saluant, 2 sont arrêtés pour nous demander si tout allait bien et 1, dont les clients étaient des cyclos qui avaient laissés leur vélo au repos, s'est arrêté pour nous donner des pommes et des biscuits.
Des 4 jours qu'on aura passé dans la réserve, on aura aussi vu plus de 4x4 que de n'importe quoi d'autre : quelques flamants (mais il y en avait bien plus au nord), quelques vigognes et beaucoup de cailloux, de sable et de 4x4 ...
Réserve à touristes on disait ...
Bilan ...
Encore 6 km de route défoncée et on retrouvera le goudron, le vrai, pour la première fois depuis 15 jours, après 740km de piste d'affilé à 10.5 km/h de moyenne. Pas sûr qu'on ait l'occasion et le courage de se lancer dans un truc plus long un jour. On aura poussé à cause du sable, à cause des pierres, de la pente trop raide, de la tôle ondulée, du vent, des fesses trop douloureuses ou bien à cause de tout ça en même temps. Je me surprendrai même a essayer de changer de vitesse quand pousser devenait trop dur et que les muscles chauffaient trop, comme pour changer la démultiplication de mes jambes. Ca n'a pas marché.
Mais encore une fois, on a eu notre dose de chance. Le vent a été plutôt dans notre sens, il n'y a pas fait extrêmement froid (mais le froid c'est bien quand même quand on prend seulement 2 douches en 3 semaines, ça évite les odeurs ...) Et même si on sort avec quelques bobos et crevasses aux mains qui ne cicatrisent pas depuis des semaines du fait de l'air ultra sec et salé, c'est finalement rien de significatif. Le soleil d'altitude avait tendance à me brûler les yeux malgré les lunettes mais je me suis fait des oeillères sur mon casque qui ont très bien remplies leur fonction.
Idem pour le matériel, on a quasiment pas eu à utilisé le filtre à eau, l'eau des puits était presque toujours potable, le réchaud a toujours cuit nos pâtes malgré le froid et le manque d'air (on a trouvé le dernier jour qu'en le surélevant un peu, il respirait et fonctionnait beaucoup mieux) et mis à part 2-3 vis à resserrer, les vélos ont transporté la cargaison sans broncher, même pas un petit voilage de roue. Le plus notable reste la toile de tente qui a sérieusement rétrécie. C'était déjà un peu le cas depuis qu'on était en altitude au Pérou, mais là avec le sel qui assèche encore l'air, c'était incroyable. On a du la "rallonger" à toutes les extrémités pour limiter le risque de casse des arceaux et ça a bien marché. Dès qu'on est redescendu, elle a repris sa taille presque normale.
Pour finir, comme tous ceux qui viennent dans la région, à vélo ou en jeep, on a eu notre dose d'émerveillement. Même si en vélo, le plaisir est un peu différé du fait de la difficulté : on est content quand on en sort et quand on revoit les photos qu'on a eu le courage de prendre entre deux poussages de vélo.
On s'en souviendra.
Retour à la civilisation, fin des restrictions !
La frontière est à 4'600m d'altitude, San Pedro de Atacama à 2'400m. 42km à rouler, plus de 2km à descendre, un toboggan géant de folie, presque apeurant. 50km/h pendant quasi 1 heure, sans donner un coup de pédale malgré le vent de face qui ne se calme pas ; la température, elle, monte à vue d'oeil, de 11°C au col, on passe à 28°c à San Pedro.
Et le choc n'est pas seulement thermique. D'une région reculée du pays le plus pauvre du continent on arrive directement dans un ghetto touristique du pays le plus riche. Les bâtiments sont une succession d'agences touristiques qui vendent des tours et louent des vélos et les rues sont remplies de jeunes baba cools pieds nus qui veulent se faire croire qu'ils sont pauvres entre deux sorties en bar branchés et deux paquets de clopes (on avait presque oublié l'odeur ...). Difficile à nouveau de distinguer les locaux des touristes, la peau et la mode vestimentaire ont tout d'une station balnéaire branchée. Tout comme les prix des chambres et de la nourriture.
On réalise que finalement on aura pas vu grand monde en Bolivie et on a un peu la nostalgie de l'ambiance des marchés péruviens. Mais voilà, c'est comme ça, il faut toujours choisir car on ne peut pas tout voir et maintenant c'est au Chili qu'on est de toutes façons ...
Alors on se pose sur la place et on profite de revoir des gens, de retrouver de la chaleur, des arbres, des oiseaux et ... du poulet - frite :) La douche attendra encore un peu ...
- Ski faut pas faire ...
- Bolivivants !
- VIDEO - Australie, Pérou et la maison
- Y faut Llica
- Le péruvien est inca
- Perou - Les chiffres
- PHOTOS PEROU 1
- PHOTOS PEROU 2
- Equateur : les chiffres
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- Le changement c'est maintenant !
- On roule sur l'or !
- PHOTOS EQUATEUR
- Dans les Andes
- Jusqu'aux boues de l'Equateur
- C'est bientôt le Pérou !
- En quittant Quito, montagnes russes en tout genre
- de 420 à 6310
- Latitude Zéro !
- ¡ Adios Colombia !
- Colombie - Les chiffres
- Pour le (double) plaisir ...
- Ingrédients pour une montée
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