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La fin d'un monde
Mardi 13 novenbre 2012
Port de Punta Arenas, Chili.
On embarque, le ferry est plein, l'ambiance pour nous est morose. Depuis notre dernière excursion touristique au glacier, la boule dans le ventre n'a cessé de grossir à mesure qu'on s'approchait de notre but. Ma tête refuse encore d'admettre que c'est bel et bien la dernière ligne droite et que tout va bientôt s'arrêter. Pourtant on en peut pas dire que j'ai été pris par surprise. Le lieu et la date sont connus depuis bien longtemps et celà fait des mois qu'on se réjouit à l'idée de rentrer, de retouver un peu de confort et des relations humaines qui durent plus que quelques jours. Nous nous sommes même répétés maintes fois qu'on avait vraiment bien fait de se fixer cette date de retour il y a bien longtemps, tant elle nous a aidé à mieux encaisser quand notre vie de nomade nous pesait trop.
Mais toute cette belle logique s'est écroulée en moi en seulement quelques jours. Seuls les moments agréables du voyage me repassent par la tête et me rendent triste en réalisant qu'ils appartiennent au passé. J'occulte totalement les moments difficiles qui nous ont tant pesés parfois et qui ont dicté notre (sage ?) décision de rentrer. Mon cerveau ne veut plus s'en souvenir et je ne comprend plus pourquoi nous devrions arrêter ; c'est comme si je me faisais virer de mon boulot, par un patron mystérieux, en ayant pourtant l'impression d'avoir fait bien plus que ce qu'on attendait de moi. Sentiment désagréable qui me rappelle d'ailleurs de mauvais souvenirs. Et c'est d'autant plus difficile à accepter que c'est bien nous qui avons décidé de rentrer ! Mais qu'est ce qu'il nous a pris bon sang !
Alors j'essaie de me rassurer en pensant aux 15 jours qu'ils nous restent à rouler en Europe, pour me dire que ce n'est pas tout à fait fini. Mais ça ne me réconforte pas très longtemps ; nous nous dirigerons alors vers des lieux connus, dans un environnement familier. Tout le contraire de ces 30 derniers mois ... Tout le contraire de ces 500 derniers kilomètres en Terre de Feu qui stimulent encore notre imaginaire.
Je me dis aussi qu'on pourra repartir un jour ; on l'a fait une fois, on devrait bien trouver la force de recommencer si vraiment on le veut à nouveau ? Peut être ... Peut être pas, on ne sait jamais ce que nous réserve le futur et c'est bien pour ça qu'on est partis avant d'être à la retraite et c'est aussi en partie pour ça qu'on a continuer après la Nouvelle-Zélande.
Le futur. Finalement c'est peut être bien ça mon problème ; le vrai inconnu maintenant, celui qui me stresse, celui qui déforme ma vision des choses, c'est notre retour.
L'inconnu du voyage, on le connait bien maintenant. On trimballe toute notre vie avec nous, on sait vivre avec relativement peu d'argent et on sait que ce soir on trouvera de toutes manières un endroit pour dormir. C'est la routine en somme. Mais on le connait si bien qu'on sait ce que ça coûte en terme de motivation pour pouvoir en profiter pleinement. Rouler avec les giraffes en Afrique comme Corinne et Joseba nous fait toujours rêver, mais trouver la force de s'adapter encore à des modes de vie si différents du notre, celà nous parait trop dur et justifie pleinement la décision de rentrer.
Mais, au pied du mur, je réalise tout ce qui nous attend maitnenant, toutes ces chose qu'on ne maitrise pas ou si peu. Pourrons retrouver un travail nourrissant et intéressant ? Quand ? Où ?? Est-ce que ce sera dur de s'intégrer avec des nouveaux collègues de boulot ?? Est ce que ce sera dur de se ré-intégrer dans le mode de vie européen dont certains aspects nous paraissent bien incohérents à présent ?? Est ce que nous, ou nos proches, auront trop changé pour qu'on reste proches justement ?? On ne fuyait rien en partant, loin de là, on adorait notre vie d'avant le voyage. Et maintenant, on a peut-être peur que ce ne soit pas aussi bien qu'avant justement.
Je suis dans une impasse. Rentrer paraît aussi difficile que de continuer. Ushuaia est le seul repère restant.
Le détroit de Magellan est traversé. On campe à côté de l'école du village de pêcheur qui entourre le débarcadère.
Ushuaia - 450 km
100 km de piste plein Est devant nous, mais le vent aujourd'hui vient du nord, alors on se retouve à nouveau à pousser les vélos pour ne pas se faire éjecter. Pas de blessure maintenant, surtout pas. Heureusement, Thierry, Sophie et Briac arrivent dans leur camping-car pour nous changer les idées, ou du moins, pour nous sortir de notre silence (de toutes manières avec le vent ça ne sert à rien de se parler). Rencontrés il y a 6 mois en Equateur, ils ont parcourus depuis un bon bout du continent et le hasard (et quelques emails) fait que nos routes se croisent à nouveau. L'apéro et la nuit à l'abri sont les bienvenus vu l'ambiance de notre équipage et le vent qui souffle dehors.
Le lendemain, le vent a repris sa direction normale et on file à nouveau plein gaz à travers la pampa où rien n'arrête le vent, si ce n'est quelques abris-bus tagués de remerciement des cyclos qui ont pu y trouver refuge pour une pause ou pour une nuit.
Ushuaia - 350km
Derniers kilomètres de piste.
On rejoint l'axe principal : Buenos Aires est à 3'000 km au nord environ, mais nous c'est bien vers le sud que nous tournons encore. Nous nous engageons ici dans ce qui est une longue voie sans issue, une impasse de 300 km avec un immense panneau FIN planté au bout.
On y retrouve les bus et les camions qui eux aussi doivent faire avec une piste que visiblement ni l'Argentine ni le Chili ne veulent entretenir. Le territoire est chilien, mais le gros du traffic est argentin puisque c'est la seule route pour relier leur enclave de Terre de Feu.
10 km plus loin nous voilà d'ailleurs déjà de retour en Argentine. San Sebastian - Dernière frontière terrestre à vélo et l'océan atlantique qui se profile devant nous. Le vent souffle toujours aussi fort et on doit prolonger un peu l'étape pour finalement trouver un abri derrière les par-vents d'un lotissement en construction. La soirée est tranquille et on profite de la vue sur l'océan pour nous tous seuls.
Ushuaia - 270 km
On graisse une dernière fois les chaines et on tourne une dernière fois la carte routière. C'est le dernier pli. Plus au sud, plus rien.
Passé Rio Grande, on croise coup sur coup un polonais et un couple de norvégiens qui commencent juste leur année sabatique à vélo au départ de Ushuaia. C'est leur troisième jour. Discussion rapide au bord de route, un peu de nostalgie supplémentaire, on rembobine inconsciement tout notre voyage jusqu'au 7 mars 2010 pour essayer de se mettre à leur place. Eux n'ont pas la neige que nous avions à l'époque, mais le vent est bien plus fort ici qu'en Suisse et il risque de durer un bon moment alors j'ai presque l'impression d'aller dans le bon sens quand même.
A 18h, on trouve une maginfique aire de camping gratuite mais elle trouvera malheureusement sa place dans notre top 3 Argentin de la honte, aux côtés des décharges "éoliennes" de Bariloche et de Rio Grande. Dans ces deux villes, le niveau de la décharge était visiblement régulé par le vent de Patagonie qui se chargeait de disperser des millions de sacs, cartons, plastiques soit dans la forêt, soit dans l'océan directement à Rio Grande puisqu'elle avait été stratégiquement positionnée à 10 m de la plage. Ici, ce sont des centaines de bouteilles de bières, de paquets de chips, de sacs en plastique qui jonchent le sol de ce qui ressemble à une "aire de camping jettable". Qui voudrait revenir ici après y avoir laissé ses 30kg de déchets après son petit pique-nique ?
En plus on est vendredi et il fait beau, pas question de risquer de s'énerver avec des jeunes qui trouvent que dormir à 22h c'est complètement la honte. Mais paradoxalement, c'est aussi pour ça que j'aime le voyage à vélo, car il t'oblige à voir aussi les pires aspects d'un pays et de ses habitants, souvent bien cachés entre les centre-villes touristiques et les merveilles naturelles qui font la une des brochures. Alors on se remet en selle et on trouve finalement une barrière ouverte qui nous laisse une jolie clairière pour nous tous seuls.
Ushuaia - 150 km
On retrouve la forêt et le relief ; la Cordillère des Andes finit aussi son parcours ici.
A midi, on arrive à Tolhuin, dernier village en route. Ushuaia n'est qu'à 100 km mais arriver tard en ville ne nous réussit pas. Avec la fatigue, l'énervement n'est jamais loin si le bon logement tarde à se montrer. On décide de continuer afin de racourcir le plus possible l'étape de demain. La dernière. Ce soir on dort une nuit de plus sous tente. Tant mieux. On fait un dernier plein d'eau en prévision du bivouac mais en prime, on prévoit quand même une bouteille de vin rouge.
Avant de camper on se paie même le luxe de se faire un petit détour de 10 km histoire d'être sûrs de passer le cap des 40'000 km avant le bout du monde. Et finalement, un dernière fois nous aurons la chance de vivre cette sensation incomparable de dormir sous tente, sans que personne au monde ne sache où nous sommes. A la lisère de la forêt, la route n'est pas loin, nous voyons passer les voitures, mais les voitures, elles, ne nous voient pas.
La forêt, les étoiles, le rouge et nous.
Ushuaia - 64 km
Dernier col, altitude 400 m, sous le soleil, avec vue sur le lac. Magnifique. Dans la descente, je m'étire encore les jambes par réflex pour prévenir une éventuelle tendinite au genou. Comme si ça pouvait arriver en 50km ... Plus rien ne compte. Plus besoin de prendre soin du matériel, sa mission est presque remplie. Mais j'en ai presque mauvaise conscience, l'impression de manquer de respect à tout cet équipement qui nous a pourtant bien facilité la vie. Nous n'avons jamais donné de nom à nos vélos, peut être à cause des relations houleuses que nous avons eu au début, mais à force de vivre avec si peu de choses (encore que, on finit avec respectivement 45 et 30 kg de chargement ...) et surtout avec si peu de moyen de les remplacer facilement sur la route, on a fini par s'y attacher.
Ushuaia - 30km
Une question revient souvent dans les discussions entre voyageurs : "Qu'est ce qui t'a donné envie de voyager ?". Beaucoup de cyclos parlent alors spontanément d'un récit de voyage qui les a marqué. Claude Marthaler, la famille Hervé, Poussin et Tesson, Bouvier ou même Goran Kropp. Tous ceux là et bien d'autres ont tiré de leur voyage un ou des livres qui sont devenus presques incontournables quand on prépare un grand voyage à vélo.
J'ai, moi aussi, essayé de lire ces livres, mais je n'ai jamais réussi à en lire un en entier ; la même impression me gagnait à chaque fois, l'impression que ces gens là étaient des sur-hommes (femmes), que tout ce qu'ils vivaient et faisaient était tellement incroyable que peu d'être humains sur terre devaient être capables d'en supporter ne serait-ce qu'un dixième. Et certainement pas moi. Alors je refermais le livre bien souvent avant la 30ème page et je retombais à chaque fois dans un état plus ou moins dépressif, en me disant que non, je ne serai décidément jamais assez fort pour faire la même chose.
Je me suis alors mis à lire des blogs, dont les récits m'ont paru beaucoup plus "humains", moins impressionnants, moins romancés. Et ça m'a sûrement redonné la confiance que ces livres m'avaient enlevé, même si l'expérience nous a montré qu'il est très difficile de lire correctement entre les lignes dans l'euphorie de la préparation d'un voyage.
Mais au fil de mes vacances et voyages, j'ai réalisé que moi aussi j'avais une de ces références qui me suivait et qui me venait spontanément à l'esprit dans des situations inattendues. Et c'est à la télé que je la dois.
Quand j'avais 12 ans environ, mes parents ont commencé à me laisser regarder "Ushuaia, le magazine de l'extrême". C'était tard, mais parfois j'avais le droit de regarder jusqu'au bout. Nicolas Hulot y faisait des trucs incroyables et visitait des endroits insoupçonnables. C'était parfois électrisant, parfois soporifique, mais ça ressemblait à la vraie vie, surtout quand il s'évanouissait dans un avion de chasse ou qu'il se crachait avec sa montgolfière. Je ne comprenais pas toujours ses commentaires pseudo-philosophiques sur la nature humaine et la vie sur terre et il donnait parfois l'impression de ne pas tout comprendre lui même.
Mais si j'avais pu, je l'aurai suivi sur le champ et, à défaut, je m'imaginais faire "Nicolas Hulot" quand je serai grand.
20 ans ont passés, je ne suis pas devenu grand reporter à la TV et je n'ai même jamais revu ces émissions. Mais elles n'ont jamais été bien loin de mes pensées dans le désert mauritanien, dans les montagnes du Kyrghyzstan, en plongeant avec les raies manta ou en voyant des condors dans les Andes. Et je me demande d'ailleurs maintenant si mes parents m'auraient autant laissé regarder si ils avaient su le souci que celà allait leur causer :)
Bref, avant même que je sache que Ushuaia était une ville, ce mot était pour moi synonyme d'inconnu, de nature, d'aventure. Alors depuis qu'on a embarqué sur le Bahia Grande en direction de l'Amérique du Sud et qu'on sait qu'on allait enfin voir cette ville, j'ai souvent essayé d'imaginer ce que je ressentirai en y arrivant, à quoi ressembleraient les derniers kilomètres, à quoi ressembleraient les alentours du fameux panneau "Fin del mundo".
J'ai souvent essayé, sans jamais vraiment réussir.
Ushuaia - 20 km
La dernière pause biscuits est finie, on remonte en selle. Dans cette vallée le vent souffle toujours aussi fort de face, les arbres ne nous protègent plus tellement et il y a toujours beaucoup de circulation ; alors les derniers kilomètres se font en essayant seulement de ne pas avoir d'accident. Pas maintenant. Sutout pas. Je lève une dernière fois mon doigt en l'air, après je me l'interdis pour essayer de ne pas arriver énervé. Je laisse le soin à quelqu'un d'autre de faire l'éducation de ces derniers chauffards.
Ushuaia - 6 km
Dernière descente. On aperçoit la ville pour la première fois, on se retrouve en larmes. Mais il faut encore se faufiler dans la circulation avec l'esprit un peu ailleurs, en se demandant ce qui nous arrive vraiment. On longe le port et ses milliers de containers, la chaussée est défoncée, le vent souffle toujours. Surveiller la route et le compteur.
Dimanche 19 novembre 2012
Ushuaia - 1 km
Nos calculs étaient bons : 40'000 km. On a roulé la circonférence de la Terre. On célèbre ça avec une photo pendant que tombent quelques flocons de neige.
Au loin, un parking, 3 bus garés, un attroupement. Voilà le fameux panneau. On slalome entre la foule et les voitures puis on s'arrête et on observe un peu ce qui se passe. Les groupes descendent de leur bus chauffés, se prennent tour à tour en photo et remontent aussi sec dans le bus, à l'abri du vent et du froid. On attend un peu, on laisse passer la foule. On a le temps. Des passants intrigués par notre chargement nous posent des questions et grâce à eux je me rappelle soudain d'où on vient et ce qu'on a eu la chance de vivre depuis presque 3 ans ; un retour à la réalité qui me redonne le sourire. On se laisse prendre en photo, certains nous proposeront même 10 pesos (2 CHF) pour nous payer à manger. "Pas besoin, merci, on est arrivés de toute façon !"
Car cette fois c'est bien fini. Notre seul repère restant vient de s'effacer. Demain on ne replie pas la tente, on ne charge pas les vélos, on ne fait pas le plein d'eau, on ne campe pas. Ni demain, ni la semaine prochaine, ni dans un mois. Peut être une fois ou deux encore en Europe si la météo le permet et puis ce sera tout.
Mais l'agitation et le monde autour atténue un peu le vertige de l'arrivée et le sentiment d'accomplissement prend momentanément le dessus sur les angoisses. Finalement il y a une vie après ce panneau !
Clic clac.
Voilà.
C'est fini !
Mardi 11 décembre 2012
Montévideo, Uruguay
Trois semaines et beaucoup de kilomètres en bus sont passés depuis cette photo. Pourtant je me souviens encore parfaitement de ces 6 derniers kilomètres à vélo et je m'en souviendrai probablement encore très longtemps.
En arrivant là bas, je me suis demandé pourquoi tant de gens de passage accordait tant d'importance à ce panneau et se prenaient autant de fois en photo devant : de l'autre côté du canal Beagle, il y a encore des îles, des villages et puis la Terre est ronde de toute façon, ce lieu, en lui même, n'est la fin de rien du tout. Et sans vraiment comprendre lesquelles, je me suis dis que chacun avaient sûrement ses raisons.
Mais j'ai réalisé à cette occasion que nous faisons partie de ceux qui ont l'impression que ce panneau a été planté là tout spécialement pour eux. Comme d'autres avant nous, nous terminons ici ce qui restera une des plus grandes expériences de notre vie. Et ce panneau ne fait que décupler les émotions. "Ushuaia, Fin del mundo", Ushuaia, fin du tour du monde. Le temps de lire ces quatre mots, tout le voyage repasse en accéléré devant mes yeux. Tout le voyage et même beaucoup plus en fait. Peu importe pour nous que cet endroit soit beau, moche, qu'il y ait quelque chose d'intéressant à y faire ou pas. Non, ce qui compte, c'est simplement que cet endroit existe pour marquer notre ligne d'arrivée. Pour nous faire regarder en arrière et nous rappeler la chance que nous avons eu. Pour graver en nous tout ce qu'il s'est passé depuis que nous sommes partis. Et nous faire prendre conscience qu'il est l'heure de passer à autre chose.
Encore aujourd'hui, la sensation de vide et les doutes sur l'avenir ne m'ont pas vraiment quitté.
Mais peu importe.
Car il n'existait tout simplement pas de plus bel endroit au monde pour finir notre voyage.
Car Ushuaia, ce n'est pas qu'un panneau,
Ushuaia, ce n'est pas qu'une ville,
Ushuaia, c'est la fin d'un monde de doutes et de rêves inaccessibles,
Ushuaia, c'est notre voyage autour du monde,
Ushuaia, c'était mon rêve d'enfant.
Ushuaia - 0 km
Merci M. Hulot,
Merci Papa, merci Maman,
Merci Lydie.
Opération "Retour"
Une fois arrivés à Ushuaia, la pose photo devant "le" panneau expédiée et nos affaires posés au pied d'un lit, on peine toujours à réaliser qu'on y est vraiment. Tous ces kilomètres parcourus au fil des mois avec cette ville en tête, toutes ces découvertes et ces galères, on passe d'un coup du statut de cyclos à celui de "simples"touristes.
En ville, beaucoup de têtes blanches habillées de jolies gore-tex toutes neuves, embarquent ou débarquent de l'Antartique toute proche. Le vent souffle toujours aussi fort, la neige tombe parfois sur les montagnes environnantes et on profite des rares éclaircies pour aller se promener le long de la berge. On nous avait prédit une ville moche et austère. On découvre ce qu'on nous avait promis, les montagnes blanches et la jolie vue sur la mer en plus.
Nous passerons 4 jours dans cette ville du bout du monde, 4 jours à encaisser le coup, à visiter un musée pour Eric, les magasins qui se remplissent de décorations de Noël pour moi, de recherches intensives surtout, pour trouver un bus qui veuille bien nous embarquer, nous et nos vélos jusqu'à Buenos Aires. D'autres avant nous avaient eu la mauvaise surprise de devoir payer autant pour embarquer leurs deux-roues à bord d'un bus que le prix d'une place assise, alors on se démène pour éviter de devoir passer à la caisse.
Au début on se laisse presque convaincre par une société de transport qui nous éviterais de devoir charger les vélos dans la soute d'un bus. Problème réglé, pas de négociation à faire avec un chauffeur avide de se faire de l'argent de poche, pas de nuit blanche à cause des vélos qui se fracassent dans la soute à chaque virage et d'avoir de la casse à l'arrivée. Problème réglé donc, jusqu'à ce que les chauffeurs poids-lourd du pays décident de se mettre en grève. Pour la deuxième fois en un mois. Là, ça nous fait beaucoup moins rire. On se voit déjà devoir faire un scandale à Buenos Aires et repartir du continent avec nos vélos perdus quelque part entre ici et là-bas. On arpente les rues d'Ushuaia en long en large et en travers à la recherche de cartons pour les emballer et espérer qu'ainsi les chauffeurs de bus soit plus cléments. Et ça marche ! Le 23 novembre à 4h du matin nous sommes à la gare de bus, sous la pluie, en train de démonter roues avant et pédales et de glisser nos vélos, bien rangés dans leurs cartons dans la soute d'un premier bus.
13H plus tard, un passage exprès au Chili, une traversée en ferry pour quitter La Terre de Feu et une pseudo panne, nous retrouvons Rio Grande. Nous ne quitterons pas le terminal puisqu'un autre bus a déjà le moteur allumé et prêt à partir. Les sièges sont aux 3/4 vides, le chauffeurs sont sympas. Bingo. On se félicite d'avoir pris le temps de trouver ces cartons, ça rassure les chauffeurs et c'est vraiment plus pratique à transporter.
Deuxième arrêt, 17h plus tard dans la petite ville de Puerto Madryn. Nous ne sommes pas pressés, le cargo ne doit partir que dans 10 jours et les discussions que nous avions eu avec Sophie, Thierry et Briac nous on mit l'eau à la bouche. La ville ou ses plages environnantes surtout, accueille chaque années les baleines franches, qui viennent dans les baies calmes du coin pour se reposer et permettre à leurs petits de grandir en toute tranquillité avant de repartir au grand large vers mi-décembre.
On sort donc nos vélos des cartons, on les remonte et on part pour une ballade de 20km sous le soleil. Nous sommes quelques 1500km plus au nord et la température s'en ressent et du coup c'est vraiment l'été. Nous passerons 2 nuits dans le parc de El Doradillo, plus ou moins à l'abri du vent et sous l'approbation des rangers. Les baleines et leurs petits sont bien là. Très calme la journée, elles se contentent de faire quelques passages près de la plage. Elles sont par contre beaucoup plus démonstratives le soir et le matin. Spectacle magique de les voir souffler et de les voir sortir de l'eau de si près.
Après 2 nuits sous tente, on retourne en ville et on se pointe à la gare de bus. Pas de bol, aujourd'hui c'est férié et tous les bus sont pleins. On a pas envie de tente le coup comme au Chili et d'attendre des heures en espérant avoir une place, alors on achète nos billets pour le lendemain et on file prendre une douche au camping !
Le lendemain on recommence, on démonte les vélos, on paie un prix dérisoire pour nos vélos et on s'installe pour regarder le paysage qui ne changera pratiquement pas sur les prochains 1500 km. Ce côté là de l'Argentine est composé principalement de vastes pleines ou rien ne pousse et que le vent balaie. Par ici, ça s'appelle la "pampa" et nous ne verront que ça pendant 24h.
Arrivés dans la matinée à La Plata, à 50km du but, notre bus fait un arrêt au terminal et n'en repart plus. Au bout de 2h d'attente (!!) des passagers excéder vont demander aux chauffeurs se qui se passe. Essieux cassés, on doit se changer de véhicule pour rallier Buenos Aires ! Ok, très bien. Tout le monde descend, la compagnie fait venir 2 navettes sans soutes où il nous est clairement impossible d'embarquer avec nos vélos. Réponse des chauffeurs, démerder vous et faites la queue pour prendre les bus plus gros qui font la liaison entre les deux villes. La queue, c'est cette file de gens qui n'en fini plus et qui nous prendrait au bas mot plus de 2h, sachant que nous avons toutes nos sacoches à traîner derrière nous et deux gros cartons. Le ton monte, les chauffeurs se défilent et c'est finalement grâce à l'aide des autres passagers que nous arriverons à faire entrer les vélos dans l'allée de la navette, les sacoches entassées au fond.
Buenos Aires. Enfin. Il fait beau, les vélos sont remontés et chargés, on file sur la piste cyclable jusqu'au centre et on se pose dans une auberge sympa. Nous sommes dans le quartier de San Telmo, réputé pour son ambiance "d'artiste" et on s'y sent bien. On flâne dans les rues, on chine au marché où Carlos Gardel nous fait de l'oeil, on mange dans une des nombreuses brasserie du coin ou on cuisine dans l'auberge.
Samedi 1 décembre on profite de sortir puisqu'il y a en ville un festival de tango et un concert pour le Sidaction entre autre. Une avenue entière est bouclée et fermée à la circulation, 3 scènes sont installée et des centaines de couples insolitent dansent au rythme des orchestres. Des ados et des retraités, des jeans-basket et robes de soirée, les gens se mélangent et font vivre cette danse typique d'Argentine. Un régal !
Et puis le mardi 4 décembre, nous embarquons à bord d'un ferry pour traverser le Rio de la Plata qui séparent l'Argentine de l'Uruguay. Notre bateau en direction de l'Europe part depuis la capitale, Montevideo alors on préfère y arriver quelques jours en avance. On prend notre mal en patience, les voyages en cargo se fichent des horaires et comme pour notre départ de Nouvelle-Zélande, notre bateau se fait attendre. Prévu lors de notre réservation pour un départ le 3 décembre, la date de départ à par la suite jongler sans cesse entre le 5 et le 9 décembre. Depuis hier, on sait que l'on va devoir patienter jusqu'au 13 ... Affaire à suivre. L'hiver bat son plein en Europe alors on profite encore un peu de la chaleur estivale et on règle les dernières formalités avant d'embarquer pour 30 jours et de traverser l'atlantique. Prochaines nouvelles depuis le vieux continent. La Belgique sera notre "premier" pays avec ensuite le Luxembourg peut-être, la France et puis la Suisse... A bientôt !
2 ans, 8 mois, 22 jours ...
999 jours sur le calendrier,
+ un 18 mars 2012 qui begaye sur le bateau entre la Nouvelle Zélande et la Colombie
= 1'000 jours de voyage
Magellan

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