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Cám On, Baby ! *
Note de la rédation :
Voici enfin le récit de Florian et Marion qui nous ont accompagnés sur les routes du Vietnam du 26 décembre 2010 au 9 janvier 2011 ... Bonne lecture et Cám On Baby pour ce joli résumé !
Se retrouver à Lao Cai un 26 décembre, après 17 heures d’avion et 11 heures de train avait quelque chose d’irréel ! Je tairai l’émotion des retrouvailles (par pure pudeur) à la frontière entre la Chine et le Vietnam. Comment imaginer être là ?
Lydie qui avait souci que tout soit bien organisé avait établi un programme de voyage très précis.
Après d’âpres négociations pour le ticket de bus, nous partons pour Sapa, village touristique à 1300 mètres d’altitude. Les négociations, c’est bien ce qu’il faut comprendre en venant dans cette région. Les premiers jours seront difficiles pour Marion et moi car nous débarquons dans un monde sans y être vraiment préparés. Contrairement à nos deux cyclos qui eux, ont eu le temps de rentrer petit à petit dans cette logique (je tairai, par orgueil et fierté, les arnaques subies)
A Sapa, c’est l’occasion de manger une fondue (qu’Eric semble apprécier), de louer des vélos pour une excursion dans les rizières, de visiter des villages « authentiques » proposés aux touristes en mal de découvertes et de subir avec amusement la présence des petites dames qui nous suivent pendant des heures pour nous vendre des bibelots.
Ce qui m’a surpris en arrivant juste avant Noël, c’est l’absence de jours de Fêtes, de jours fériés. Tout est ouvert, le Vietnam ne connaît pas de samedi-dimanche, de vacances (excepté lors du Têt, ou Nouvel An Chinois où tout est fermés pendant 3 jours) Pour Eric et Lydie, rien de nouveau.
Citation de Lydie « Tu sais, depuis la Turquie, c’est comme ça. Les gens n’ont pas les moyens de manquer un jour de travail, tout est ouvert de tôt le matin à tard le soir».
Après une descente de Sapa à Lao Cai à tombeau ouvert, une course-poursuite avec l’autobus dans lequel se trouvent Lydie et Marion, nous quittons le nord pour Hanoï en bus couchettes, une grande découverte pour nous 4.
Une arrivée à 5 heures du mat’ dans une ville qui ne s’arrête jamais de vivre, nous nous mettons directement en chasse afin de trouver 2 bons vélos, ce qui n’est pas évident !
En effet, si le Vietnam était un pays de vélos, c’est maintenant un pays de motos et de scooters !
Par bonheur nous trouvons un loueur qui nous fourni de bons vélos, genre VTT et c’est le départ pour 6 jours de randonnée à travers le nord du pays jusqu’à Halong, où nous embarquerons pour 3 jours de visite sur la baie.A travers la campagne, sur des digues, le long de chemins de terre, traversant des villages qui semblent hors du temps nous pouvons découvrir une région magnifique qui reste pauvre mais accueillante.
Nous sommes salués et interpelés par tous. Ici, pas de tracteurs, les champs sont cultivés avec des bœufs et des charrues. Lydie : « Ils ont de la chance, en Chine, ce sont les gens qui tirent la charrue ! » Nous accompagnons les écoliers qui rentrent de l’école, nous traversons les bras du fleuve avec des bacs, grimpons des petits cols (ce qui nous donne l’occasion de nous tirer la bourre, cela manquait… !) Le soir, c’est la recherche d’un emplacement pour camper et à chaque fois la chance de trouver une place magnifique.
Le dernier jour de vélo, une escapade avec Eric (les filles ayant choisi le confort de l’hôtel) nous amène à rechercher un passage pour une autre vallée. Ce qui nous permet de tester notre entêtement !
Le lendemain, ayant retrouvé Lydie et Marion, nous débarquons à Halong et ses circuits touristiques, ses centaines de bateaux, ses îles féeriques dans la brume, ses grottes et ses villages flottants de pêcheurs. Une impression de ne pas être au mieux dans cette ambiance de consommation touristique … un certain malaise. * (NDLR : Voir note 2 en bas de page) Malgré cela, Halong reste un grand moment d’extase.
Après 6 jours de camping, nous apprécions le confort du luxueux bateau, des crustacés et du poisson à chaque repas. Et je ne vous parle pas des cabines avec leur salle de bain…..
Avec le retour sur Hanoï c’est aussi le temps du départ pour nous, de la séparation, du sentiment que tout s’est passé trop vite. Nous avons trouvé Lydie et Eric endurcis de ces 10 derniers mois (j’ai pas dit grossis…bien au contraire…) Ils se posent des questions, trouvent des réponses (…ou pas !!!) mais me donnent l’impression de vivre un grand moment qui sera une étape importante pour le futur.
Merci beaucoup à tous les deux pour ce partage de quelques jours et, comme le dirait certaines personnes : « Finalement le Vietnam, c'est complètement surfait !!! » (private joke)
PS : C’est impressionnant de voir à quelle vitesse le rythme de la vie nous reprend, et à quel point j’aurais envie de repartir !!!
Notes de la rédaction :
* Note 1 : Merci se dit Cám On en Vietnamien. Ce petit jeu de mot a été un leitmotiv durant ces 15 jours ... Qui a dit que les serveuses vietnamiennes étaient généralement mignonnes ?
* Note 2 : Cette allusion est l'occasion pour nous de donner deux petits exemples qui expliquent un peu mieux ce qui nous agaçait trop souvent dans ce lieu magnifique qu'est la baie d'Halong:
Exemple 1: Sur le bateau de croisière. Après un repas de midi déjà copieux et excellent à base de fruits de mer, le cuistot nous a déjà servit au moins 3 plats à base de crabes et de langoustes pour le repas du soir ("diner" en français, "souper" en suisse). Tous les autres passagers (environ 15 en tout) semblent apprécier aussi.
Tous, sauf une. Habillée en tailleur et maquillée comme il se doit, cette dame est tout à coup scandalisée quand le serveur nous apporte ... un plat de riz : "Ah non mais des fois j'ai honte quand même ! Quand on pense qu'il y a des enfants qui meurent de faim et que nous on nous sert tout ça à manger !"
Ben ... oui ... on mange bien ! Et heureusement, ! C'était marqué noir sur blanc sur le programme que les repas seraient de qualité et on a payé, enfin ... Florian a payé assez cher pour ça ! Si vraiment ça te donne mauvaise conscience fallait rester chez toi et faire une donation à la banque alimentaire équivalente au prix de ton voyage organisé ! Pour peu qu'elle soit venue en Business class ... Je précise que cette dame était française, le doute sur la compréhension des propos n'est pas permis.
Exemple 2 : Dernier repas compris dans le tour, à terre, dans le restaurant de la compagnie. Sur la table, un menu, unique, en anglais et en français ! Waou ! Forcément, les vietnamiens, ils viennent pas dans ce restaurant, enfin si ... pour faire la cuisine et le service. Bref, en entrée : Soupe de fruits de mer. Pas mal. Le reste je ne m'en souviens pas mais c'était pas mal non plus. A côté de nous arrive alors un groupe de 4 français, madame et monsieur, la cinquantaine, accompagnés de belle maman et beau papa. Madame prend la peine de lire attentivement le menu et rapidement on lui sert sa soupe de fruits de mer. Madame scrute alors son bol d'un air dubitatif puis, avant même d'avoir goûté, se lance sur un ton aigri : "Ah mais alors moi j'appelle pas ça une soupe ! Un velouté, ou un potage, à la limite ! Mais une soupe, certainement pas !"
...
Et en vietnamien t'appelle ça comment !#@!!! ?!
Partis par là, repassés par ici ...
Un passage éclair à Vientiane pour un petit mic-mac de visas, ça faisait longtemps, ça nous rappelle des souvenirs de l'Asie Centrale ... Mais là c'est pas pour éviter des émeutes comme au Kyrgyzstan (ou pas ...), c'est juste pour aller voir le Festival des éléphants à Paklai, (environ 250 km à l'ouest de Vientiane) alors que notre visa expire bientôt (le 20 février pour être précis) et qu'on veut essayer de limiter les frais ...
Bref on a fait prolongé notre visa Laotien de 4 jours (10$ par tête quand même), on va voir le festival, on rentre à Vientiane en vélo ou en bus, ensuite on va vite en Thaïlande pour le weekend (puisque la Thaïlande autorise 15 jours gratuits en arrivant par une frontière terrestre), on revient à Vientiane, au Laos (visa 35$) pour voir encore deux ou trois beaux coins et surtout pour faire une demande de visa Thaïlandais 2 fois 2 mois cette fois (gratuit mais qui ne peut être faite que depuis la capitale), on repasse donc ensuite en Thaïlande pour descendre vers le Cambodge car la route Laotienne est réputée ennuyante, on essaye d'éviter les coups de canon du côté de Preah Vihear pour rentrer au Cambodge, on visite et on revient pour la troisième fois en Thaïlande pour aller en direction de la Malaisie.
Vous suivez ?
Nous non plus ...
Ad (Vang) vieng que pourra ...
Jeudi 10 février, 15h. Au bord de la rivière près d'une grotte touristique à visiter, un petit laotien, 7 ans maximum, est en train de se baigner et de jouer avec ses copains, une bouteille de bière vide dans la main. Soudain, il nous aperçoit. Eclats de rires et ni une ni deux, il se met à mimer un homme saoul en train de vomir, en me regardant droit dans les yeux ...
Ah. Vang Vieng ne doit plus être très loin ...
On nous avait prévenu. C'est même expliqué noir sur blanc dans tous les guides de voyage. Vang Vieng est un monde à part.
Ici, pas d'ambiance bucolique, pas de "Sabaidee !" quand on arrive en ville et pourtant le cadre est magnifique avec des rochers dignes de la Baie d'Halong ... et au milieu coule une jolie rivière. Pas de temples à tous les coins de rue non plus comme à Luang Prabang et pourtant c'est blindé d'occidentaux ... Vang vieng, c'est une Mecque. Pour une raison que je ne connais pas, cette ville est devenue une Mecque sud-asiatique de la cool attitude pour les jeunes occidentaux en mal de coins branchés ...
Des bars qui diffusent presque tous "Friends" ou "South Park" en boucle, des chambres à air de tracteur pour se laisser flotter sur la rivière (NDLR : pour les incultes, cette activité est dénommée tubing) et des "happy" menus à base de Marie Jeanne ou de pavot pour rendre le tout vraiment trop fun ... Ah j'oubliai les grottes aux alentours, toutes visiblement gérées par une apprentie mafia qui exploite des vieux pour récolter un droit d'entrée devant le moindre trou dans les falaises.
Ah tiens ! Un nouveau bus arrive. Vite les gars ! Dépêchez vous ! Allez vite acheter votre débardeur "In the Tubing" ! Parce que là vous avez grave l'air con avec votre t-shirt North Face ! Au pire enlever le ... vous passerez inaperçu au moins !
Merde ! C'est pas tout ça ! Il fait 35°C ! Mon Banana shake se réchauffe ! Faut vite que je le finisse avant d'aller refaire un peu de tubing ... Après j'irai m'acheter un nouveau chapeau et des nouvelles lunettes de soleil, j'en ai marre du rose ...
...
Bon c'est pas tout ça, mais si on retournait au Laos maintenant ?
...
Advienne que pourra de Vang Vieng.
La révision des 13'593 km
On a rendu la chambre alors plus le choix, faut décoller maintenant ... plus de 2000m de déniv nous attendent dans les 2 prochains jours ...
Pas grand chose de neuf en ville, des temples, des buddhas, et une soirée badminton.
Par contre on a rajouté un bilan technique des vélos et Lydie a mis à jour les petits résumés par pays (liens "A voir") jusqu'à la Chine.
On peut reprendre la route l'esprit léger, mais pas sûr que ça suffise pour grimper les cols sans trop en baver ...
Sabaï-diiii !
Sabai dii ... Ou plutôt, comme crié plus de 10 fois par les enfants des villages traversés :
SAAAABAAAiii Diiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Bonjour ! Et bienvenue au Laos ... Après avoir grimpé les 30 derniers kilomètres Vietnamien, nous avons passé les formalités comme une lettre à la poste. En courrier B, tout en douceur. On nous avait prévenu, ici, il ne faut pas être pressé. Un douanier sur trois en uniforme, les autres en jeans / t-shirt, jouant au volleyball ou faisant la sieste. C'est dimanche, il fait encore jour une heure et il fait beau, nous ne sommes pas aux pièces non plus. Nous avions croisé un américain à Son La il y a quelques jours qui revenait du Laos et nous avait vivement conseillé de prendre le bus depuis Dien Bien Phu. Photos à l'appui, la route en construction était un vrai bourbier sur plus de 100 km à cause de la pluie. Il nous racontait que les passagers du bus devait à tout moment en sortir pour pousser et passer des côtes un peu trop glissantes ... Qu'à cela ne tienne, nous, on déteste prendre le bus, il fait beau et sec depuis plus d'une semaine maintenant, alors nous avions pris la décision de tenter malgré tout de le faire en vélo. Et bien nous en a pris ! La route est très peu fréquentée, quelques camions pour les travaux, des motos mais dans l'ensemble nous sommes tout seuls. On apprend dès les premiers kilomètres à dire "Bonjour" et "Merci" en Lao, beaucoup plus agréable à notre oreille d'entendre les gens parler dans leur langue plutôt que des "Hello" que l'on trouve impersonnel. Alors on roule tranquillement jusqu'à la petite ville de Muang Khua.
La forêt ressemble déjà à la jungle, nous devons traverser quelques petites rivières les pieds dans l'eau, la route descend et monte aussi beaucoup. Deuxième avertissement que l'on nous avait fait: Le Laos, c'est montagneux. En tout cas le nord. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas autant transpirer. Le rythme de nos premières journées, c'est 15 km de montées, et 10 km de descente, pour tout devoir remonter, mais finalement tout redescendre ... Nous resterons 2 nuits à Muang Khua, petite ville au bord de la rivière Nam Ou, et étape incontournable pour les touristes venant du sud en bateau ou pour ceux arrivant en voiture et voulant rejoindre Nong Khiaw ou Luang Prabang par le fleuve. Il nous faudra une journée de réflexion pour nous décider. Descendre directement au sud et filer à Luang Prabang, ou remonter la rivière au nord, en espérant pouvoir profiter de faire quelques randonnées dans les villages des ethnies près de Phongsali ? Notre choix est finalement vite fait, on monte dans un bateau qui ressemble à une pirogue pour le nord. Les vélos sur le toit, environ 100 km plus haut et 6 heures assis sur une banquette en bois, nous voilà à Hat Sa.
Un peu déçu de ne pas avoir vu plus d'animaux que cela en route, nous n'aurons aperçu qu'un ou deux petits martin pêcheur (c'est déjà ça!) mais nous pensions voir beaucoup plus de vie le long de cette belle rivière. Nous croiserons par la suite de nombreux chasseurs, avec des fusils de plus de 2 mètres de long, revenant d'une longue journée dans la forêt. Les gens qui vivent ici sont pauvres. Impossible (?) pour les paysans de faire pousser quoi que ce soit, des pans entiers de forêts sont rasés, d'autres brûlés. On comprendra bien vite que la chasse est une question de survie pour ces gens. Oiseaux, petits mammifères, rats, serpents, tout y passe ou presque. Nous ne souhaitons pas ouvrir le débat, mais nous pouvons comprendre que les préoccupations de sauvegarde d'une espèce en voie de disparition n'intéressent pas plus que ça les villageois de ces montagnes. On dit bien: Ventre affamé n'as point d'oreille.
Phongsali. Capitale provinciale minuscule, nous comptons bien poser nos vélos quelques jours et partir randonner dans les alentours à la rencontre de quelques unes des 22 ethnies vivant ici. Nous allons bien vite déchanter, puisque il nous faudrait débourser environ 66 € par personne pour aller dormir une nuit dans un village et faire quelques photos des montagnes alentours. Même pas la peine d'hésiter. Même en négociant c'est hors de prix par rapport au coût de la vie locale. On fait quasiment tout le temps attention à ce qu'on achète pour pouvoir se permettre des extras de temps en temps mais cette excursion ne fera pas partie de ces extras.
Petite parenthèse budgétaire :
Certains nous disent que seuls des suisses peuvent se permettre de voyager longtemps comme ça. Juste un chiffre : en bientôt 1 an de voyage, nous n'avons pas encore dépassé la barre des CHF 10'000 / 8'000 € dépensés. A deux. Tout compris : hôtels, nourriture, transports, visas, etc ... Tout depuis que nous sommes partis. C'est beaucoup et peu à la fois, mais il n'y a certainement pas besoin d'être millionnaire. En plus on se sent même un peu bourgeois quand on sait que d'autres cyclos on dormi à la belle étoile dans Tashkent !
Mais c'est sûr qu'il faut faire des concessions sur ce qu'on voit et cette rando fera partie des concessions. Dépenser plus de 130€ pour aller voir un village qui ressemble à deux gouttes d'eau aux dizaines que nous avons ou que nous allons traverser avec notre vélo sur les routes du Laos on trouve ça exagéré et on se demande presque où passe l'argent tant le décalage est grand avec le niveau de vie local. On est un peu dégoûtés puisque c'est cette motivation de pouvoir aller faire un trek qui nous a fait venir jusqu'ici, mais cela fait partie aussi du jeu.
Nous reprenons donc la route le soir même, camping et invitation à se faire à manger dans la cuisine du voisin chinois très sympa (nous vous passerons les détails de l'après soirée relatifs à la dégustation de l'alcool de riz local: le Lao Lao). Fin du goudron pour les 150 km qui suivront. 6 km/h à la montée (et il y en aura!) et pas plus de 8 km/h dans les descentes (il y en aura aussi !) Mon pneu arrière n'y survivra pas et suivra le même sort que celui d'Eric lors de notre passage au Kyrghyzstan. Après plus de 13'000 km et pas une seule crevaison, c'est déchiré de l'intérieur qu'il finira sa vie. Heureusement que depuis le passage de mon papa au Vietnam, nous avions deux jolis pneus de rechange. La route est longue et difficile, on en chie pas mal si vous me passer l'expression mais on en prend plein la vue. Nous aurons finalement droit à notre nuit dans un village (impossible de trouver un endroit où camper à cause de la densité de la forêt) et nous aurons eu nos dizaines de sourires et de Sabaii diiiiiiii par jour par les enfants et les adultes le long du chemin.
Petite anecdote lors de notre nuit dans le village Hmong (ethnie vivant au Laos). Après avoir préparer à manger dans la cuisine et avaler nos pâtes vite fait, nous demandons à nos hôtes où se trouvent les toilettes. Evidemment personne ne parle anglais, nous sortons alors notre petit dictionnaire illustré qui nous avais déjà beaucoup servi en Chine. Eric montre la photo des WC (turc et assis) et les trois personnes autour de nous regardent les images l'air très intrigués. Jamais vu. Qu'est que c'est ce gros truc blanc ? Qu'est ce que ces deux guignols veulent bien essayer de nous faire comprendre ? Grand moment de solitude à essayer de mimer avoir envie de faire pipi devant 20 personnes. La dame finira par comprendre notre désarroi et nous enverra tout bonnement derrière la maison. Ok, autant pour moi ! Pas de toilette mais TV et lecteur DVD dans la maison, utilisable seulement quand le groupe électrogène fonctionne. Fin de l'histoire.
Nous retrouverons le goudron à Sin Xai et alignerons les kilomètres jusqu'à Oudomxay. Première ville pour les voyageurs en provenance de la Chine toute proche. La présence Chinoise est d'ailleurs très forte. Tant sur la route empruntée par les "pèlerins" bouddhistes en route pour Luang Prabang dans leurs gros 4x4 que dans le marché où nous retrouvons nos marques avec les produits Made In China que nous mangions il y a déjà plus de 6 semaines ! On comprendra d'ailleurs très vite que si le goudron est de retour, c'est parce que les Chinois l'amène. Probablement avec les travailleurs qui vont avec, en n'apportant aucun emploi pour les locaux. Le tout pour permettre aux plus pieux d'aller en pèlerinage à Luang Prabang dans des conditions acceptables.
Le Laos est un pays très pauvre, cela se remarque notamment par les nombreux établissement "sponsorisés" par des pays étrangers. Ici c'est une école payée par le Japon, là un dispensaire fourni par le Canada. Des sacs de 30 kg de riz offert par la Finlande (nous ne savions pas que ça poussait par là-bas!?) des panneaux anti-drogue par l'Allemagne, un pont par la Chine (encore elle) etc ...
On en vient à se demander quel est l'effet à long terme de ce genre d'aide. Cette partie du Laos a des conditions de vie très similaires au sud de la Chine et l'ouest du Vietnam du point de vu du relief et du climat, et pourtant ici, quasiment pas de rizière, pas de potager, pas d'activité incessante pour essayer de faire pousser quelque chose comme dans les pays voisins. Juste des petits villages au milieu de la forêt dont la population semble sponsorisée pour restée ici. Cela laisse une impression assez étrange.
Le 2 février, après quelques bonnes montées (et descentes), quelques rizières, quelques éléphants et quelques repas de soupe de nouilles, nous arrivons enfin au bord du Mékong, avec en prime quelques éléphants juste pour faire joli pour la photo. C'est quand même bien organisé ce voyage ...
On est un peu émus, on se sent comme lors de notre arrivée à Istanbul à la vue du Bosphore. Le Mékong c'est une étape de plus, un fleuve que l'on va suivre pendant un petit millier de kilomètre et qui va nous mener jusqu'au Cambodge ... En fin de journée, nous faisons notre entrée dans Luang Prabang, ville classée au patrimoine de l'UNESCO avec plus de 30 temples et des moines dressés d''une robe orange filant discrètement dans les rues à l'ombre d'un parapluie noir. Luang Prabang c'est des petits cafés sympas, des sandwichs baguette, des Oreo Shakes (eh oui !) plus de 250 maisons d'hôtes et hôtels, tous pleins à craquer puisque nous sommes en haute saison touristique. On nous avait prédit avec dégoût une ville ayant perdu son âme, où le touriste chinois et australien était roi, s'habillant comme s'il était sur la côte d'azur et buvant des bières à l'excès. Alors forcément dans une ville censée être le centre de la ferveur bouddhiste cela fait un peu tâche. Mais ce n'est pas si pire.
Notre guesthouse est dans un petit coin tranquille de la ville, café et thé et bananes sont offerts le matin par les tenanciers sympas et nous en avons profité pour nous aussi flâner dans les rues de la ville, refaire le monde avec Ingrid et Luc (cyclos eux aussi, et oui, au milieu de tous ces touristes il faut faire une sélection :)) et faire le plein de provisions.
Demain est un autre jour, pas dit qu'on reprenne la route, on se sent peut-être un peu trop bien ici ... ;) Mais notre visa n'est pas éternel et il nous reste encore de la route à faire avant de rejoindre Vientiane, capitale de la République Populaire Laotienne ... Alors demain peut-être qu'on se lèvera une dernière fois à 5h30 pour aller observer de loin le rituel de l'offrande aux moines et peut-être qu'on se remettra en selle pour filer vers le sud ...
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