Et sinon, vous rentrez quand ?

Nous quittons la petite ville de Los Andes après avoir bien profité de l'hospitalité de la Casa de Ciclistas de Eric Savard et en ayant essayé de calmer nos accès de boulimie. Sortir de la Bolivie et de ses restrictions alimentaire nous aura fait nous ruer sur à peu près tout ce qui se mange et dans une quantité non avouable ici.  Encore un de ces coins où on serait bien restés plus longtemps mais voilà, le sud nous attend et c'est bientôt le printemps. Nous avons eu droit à notre journée de ski, maintenant il faut se remettre en route.

80km sur la bande d'arrêt d'urgence de l'autoroute (seule route!) qui mène à Santiago, un peu de trafic mais surtout pratiquement dès l'entrée de la ville, une jolie piste cyclable qui nous mènera directement à la station de bus. C'est la fin des vacances pour les Chiliens, nous aurons donc droit à un bus quasiment vide et une réduction de plus de 50% pour nos billets (par contre pas de promo pour les vélos, on aurait eu meilleur compte d'acheter un ticket pour eux aussi...) Quelques heures d'attente dans la capitale et nous sommes en route avec un bus de nuit en direction de Temuco, quelques 676 km plus au sud.

Le jour se lève à peine lorsque nous arrivons en ville... Du brouillard et des gouttes qui viennent s’écraser contre la vitre, on est un peu dépité. Malgré toutes nos préparations psychologiques comme quoi le temps clair et sec de l'Altiplano était bien fini, c'est un peu dur de retrouver un temps froid et humide. Mais aujourd'hui c'est notre jour de chance, le sud à décider de nous accueillir en douceur et le temps de boire un café et de se rendre au centre, le brouillard à disparu laissant place au soleil.

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La suite ressemblera à une belle semaine de vacances... Du brouillard le matin, grand soleil l'après-midi ! On se ballade au milieu des champs, de villages en villages nous redécouvrons une atmosphère pas bien différente de notre vieille Europe. Nous sommes tout émerveillés de revoir des arbres, de l'herbe verte bien grasse pour camper (bien humide aussi!), des vaches dans les champs, des WC propre et avec du papier (!), des gamins qui jouent dans les parcs, des voitures neuves et de marque française et les prix du supermarché qui ont plus que triplé par rapport aux « tiendas » du Pérou ou de Bolivie... On claque en une seule fois ce qu'on a peiné à dépenser en un mois en Bolivie... C'est le jeu, on ne peut pas avoir du choix et du nutella et payer 3 fois rien !

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La route goudronnée se transforme en piste par endroits mais facile à rouler, plus question de pousser les vélos dans le sable ! Le volcan Villarica au loin nous montre le chemin pour l'Argentine. Parce que depuis là, nous allons zigzaguer entre les deux pays jusqu'à notre destination finale : La Terre de Feu et Ushuaïa.

Un ferry et un tampon nous voilà sur le sol argentin. Mis à part l'accent et la vitesse à laquelle parle les gens par ici, la monnaie et la couleur des plaques d'immatriculation, la vie n'est pas bien différente qu'au Chili. Ici aussi il a du WIFI gratuit sur les places de village, et ici aussi on mange un pique-nique à midi puisque les menus du jour sont redevenus trop cher pour notre budget. Mais ça nous va bien, ça nous manquait de grignoter un sandwich à l'ombre et de faire un peu clochard. C'est toujours amusant de voir que suivant les pays nous sommes tantôt de riches touristes, tantôt presque des sans-abri.

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Depuis la petite ville de San Martin de Los Andes, nous roulons entre lacs et montagnes, chaque virage nous fait découvrir un nouveau sommet enneigé et nous campons au bord de l'eau ou dans la forêt. Le soleil fait place à la pluie, le vent est parfois dans le dos, souvent de face. Nous ne comptons plus le nombre de lacs que nous longeons. Tantôt bleus, tantôt noirs à cause des nuages, l'eau des rivières est incroyablement claire et la vie sauvage toute proche. Nous avons le droit à beaucoup de pouces en l'air et d'encouragement de la part des argentins, quelques doigts du milieu aussi et des conducteurs stupides et dangereux, mais malgré cela nous sommes sur un petit nuage puisque nous venons d'entrer en Patagonie.

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Et sinon, vous rentrez quand ?

Depuis que nous avions pris la décision de continuer notre voyage en Amérique du Sud, nous nous étions toujours dis que si nous poursuivions le voyage, c'était avec un nouvel objectif et une date de retour.

L'objectif, c'était facile. La route des Andes et la Patagonie sont des endroits mythique et très courus pour les cyclos. Pour nous, le chemin était tout tracé. Si nous allions en Amérique du Sud, nous mettrions le cap au sud et le point final serait Ushuaïa. Pas pour la ville en elle même que l'on imagine pareille aux autres, mais pour tout ce qu'il y a au milieu et pour conclure notre tour en vélo au bout du monde.

Pour la date de retour, c'est plus compliqué ! Notre expérience en bateau pour faire le trajet depuis la Nouvelle-Zélande nous a enchanté. Ce moyen de transport nous a parfaitement convenu puisqu'il est pratiquement sans contrainte lorsqu'on voyage à vélo avec un gros surplus de bagages, qu'il nous a permis de nous reposer, de faire un tri dans nos photos et dans nos vidéos, d'apprendre un peu l'espagnol et surtout de nous préparer en douceur à une nouvelle étape de notre voyage.

Pour nous il était donc évident que le retour en Europe se ferait sur le même modèle. Dès notre arrivée sur le sol colombien nous avons donc commencé les démarches pour réserver un passage sur l'Atlantique.

Jusqu'en mai, tout suivait son cours normal et on autorisait même la compagnie Grimaldi (la moins chère pour ce trajet) à nous débiter un acompte pour une cabine au départ de Buenos Aires, en Argentine. Mais en juin, les mesures protectionnistes de l'Argentine ont finit par se répercuter sur le trafic maritime : de 1 bateau par semaine, le trafic est passé à 2 par mois --> toutes les réservations se sont annulées pour la fin d'année.  Finalement un nouveau planning a enfin été validé à partir de Montevideo en Uruguay (car c'est visiblement devenu un peu la panique dans les ports Argentins ...). Tout cela reste donc un peu aléatoire, la date exacte et le lieu de départ vont probablement encore changer un peu, mais nos nerfs se sentent tout de même un peu mieux maintenant.

De là, il nous faudra entre 25 et 35 jours pour traverser l'atlantique, selon le temps passé dans les ports brésiliens, à Dakar, en Angleterre et en Allemagne, et aussi selon la force de la houle hivernale. Ça, ça serait vraiment dommage, le mal de mer n'aide sûrement pas à digérer un repas de Noël ... C'est donc vers début janvier 2013 que nous devrions finalement arriver à Anvers, en Belgique ; bien malin celui qui peut dire où nous serons pour la nouvelle année.

Et depuis Anvers, il nous restera encore environ 750 km de vélo pour revenir au point de départ par l'autre côté, presque 3 ans après l'avoir quitté.

La date exacte d'arrivée en Suisse restera donc à déterminer en fonction de notre date de débarquement, de la quantité de neige sur les routes européennes et du nombre d'arrêts dans les boulangeries et autre charcuteries rencontrées en route, mais on se débrouillera pour arriver le samedi 12 ou le samedi 19 janvier 2013.

Mais avant ça il nous reste encore quelques 2500 km à pédaler, entre montagnes et glaciers et un trajet en bus pour remonter depuis Ushuaïa. Nous repartons de El Bolson demain en direction de Futaleufú, au Chili et rouler un moment sur la Careterra Australe.

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PS : pour ceux que ça peut intéresser, voilà les chiffres provisoires depuis le début.

Note : les dénivelés ne sont pas jour, on a probablement dépassé les 300'000m.

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