Problem Yok !

Comme à chaque fois lorsque l'on passe une frontière, un nouveau sentiment de liberté nous envahit et il faut tout recommencer... La langue change, les habitudes des gens, la nourriture, la monnaie... Mais cette fois ce sont aussi les tenues vestimentaires, les mosquées et les minarets, le chant du muezzin 5 fois par jour pour l'appel à la prière... Pas de doute, nous entrons dans un pays musulman.

Nous prenons donc la route d'Istanbul en empruntant les routes de campagnes et en traversant beaucoup de petits villages qui n'ont pas vu un touriste depuis un bon moment. Les gens nous regardent fixement et nous devons leur dire bonjour, "Merhaba" en turc, pour leur faire reprendre une activité normale. Ils répondent d'ailleurs à cette salutation avec le plus grand sourire :)

Problem yok !

Le premier soir, on tourne un peu dans un village avant de trouver où dormir. Nos petites phrases préparées pour expliquer qu'on a une tente et qu'on cherche juste un coin tranquille pour la mettre ne suffisent pas vraiment. En plus un mariage se prépare pour le soir même et visiblement tout le village est invité. Deux jeunes nous proposent alors de partager leur barbecue à côté du terrain de foot et avec leurs 3 mots d'anglais tout s'arrangera. Un des deux est un peu insistant pour qu'on lui paie des bières pour le reste de sa nuit mais d'autres jeunes très sympa rappliquent aussi et nous assure que c'est sans problème de rester là ... Problem yok ... On plantera finalement la tente à côté d'une bergerie non sans qu'ils nous ramènent encore quelques tomates, concombre et pain supplémentaire pour être certains qu'on n'aura pas faim ... Ils nous invite aussi au mariage mais on est un peu trop fatigués et sales pour ça ... On est assez impressionné par l'accueil !
Le reste de la nuit sera un peu moins facile avec du vent qui se lève brusquement et nous oblige à bouger la tente et un chien qui aboie jusqu'à 3h du matin ... Réveil le matin en compagnie du berger qui nous observe déjeuner et ranger notre bazar ...

Problem yok ! (ou presque ?)

Après une nuit à l'hôtel à Kirklarelli pour acheter un dictionnaire et s'acclimater à la langue et aux magasins turcs, on repart en direction de Istanbul sous les nuages mais sans se douter que nous n'aurions pas besoin de sortir la tente le soir.
Sur la route, on s'arrête manger des köfte dans un boui-boui dans une petite ville et on discute un peu avec le gérant - cuistot - serveur. Voulant nous aider à nous loger, il nous écrit un mot qui devrait nous aider à trouver un endroit où dormir dans les petites villes. On ne comprend pas trop ce que ça veut dire, simplement que ça parle de commune et de guest house. (Il nous dira par ailleurs que Jean-Marc et Marie (voir les liens) ont mangés ici même 10 jours avant nous ... le monde est petit parfois et ce n'est pas fini ...)

Arrivés à Vize, on commence à regarder où dormir et on essaye de déchiffrer le mot de ce cher monsieur avec notre petit dictionnaire mais des passants veulent déjà nous aider et on leur montre donc ce mot magique ... Sans nous expliquer, une gentille demoiselle nous mène vers la mairie et fait appeler le maire. Le maire arrive (un dimanche à 18h), en même temps que Thorgay, un jeune qui nous avait vu passer et qui se doutait qu'on avait peut être besoin de quelqu'un qui parlait anglais. S'en suit une discussion animée et plusieurs coups de téléphones sans qu'on comprenne quoi que ce soit.
Pour finir on apprend dans le même temps que :
- Le mot qu'on a présenté voulait dire à peu près les choses suivantes :
"Nous souhaitons parler au maire.
Nous voudrions dormir dans l'appartement communal pour cette nuit"
- Qu'il n'y a pas d'appartement communal disponible dans cette commune
- Mais que la maire a réservé pour nous une chambre double avec petit déjeuner dans un hotel 3 étoiles de la ville et que c'est la commune qui paiera.
- Ok merci bonne soirée !

Thorgay nous servira alors de guide jusqu'à l'hôtel où il faudra quand même encore quelques coups de téléphone pour être bien sûr de qui va payer et jusqu'au lendemain pour nous faire visiter un peu la ville.

Honnêtement c'était très agréable de dormir dans un bel hôtel, mais c'était aussi très gênant de voir l'attitude des gens. Notre demande a visiblement mis le maire dans l'embarras mais il n'a pas osé nous dire qu'il nous faudrait dormir sous notre tente ou qu'il nous faudrait aller voir plus loin et Thorgay a pris très à coeur son rôle de guide au nom de l'hospitalité turque selon ses propres propos. Nous ne savions donc plus du tout si le plaisir de la rencontre était partagé, ou pas. Ce sentiment de malaise s'est prolongé le lendemain où il nous a fait faire le tour de la ville sans vraiment beaucoup d'entrain et ne sachant pas trop quoi nous dire non plus... Nous reprendrons donc la route vers midi un peu désorienté par nos dernières 24h.

La route qui nous mène à Istanbul est jolie mais vallonnée : on croirait être sur un plateau sans village mais ils sont en fait cachés dans les petites vallées crées par des rivières. Le minaret dépasse à peine. Ce qui implique pour nous beaucoup de descentes pour arriver au village et donc de montées à pic pour retrouver la route qui semble interminable.

Et voilà que finalement en ce début du mois de mai, nous arrivions dans cette grande ville mythique ! Après 40km de banlieue, de trafic intense, de bruits et d'odeurs d'orient, nous nous retrouvons ici, au bord de la mer de Marmara, entre Europe et Asie, au croisement de deux continents et au début de la Route de la Soie !