Leçon de Serbe

Juste après avoir passer la frontière, l'ambiance change complètement : en une heure nous avons reçu autant de salutations, de coups de klaxon et d'encouragements qu'en une semaine en Hongrie; on comprend vite que les Serbes ne sont pas encore très habitués au tourisme mais qu'ils sont généralement content de voir des étrangers sur leurs terres.

La Vojvodina, région nord de la Serbie, était encore Hongroise jusqu'à la fin de la première guerre mondiale et l'identité hongroise est encore vraiment très présente : tout est écrit en hongrois et, nous l'apprendrons plus tard, de nombreux serbes d'origines hongroise rêvent encore d'un ralliement à la Hongrie.

Nous pouvons donc nous adapter en douceur à la langue serbe puisque tout est écrit en hongrois et en serbe. La nouvelle difficulté est que le serbe s'écrit avec deux alphabets différents : en latin et en cyrillique. Le cyrillique ressemble beaucoup au grec … encore faut il connaître l'alphabet grec …

La grande plaine se poursuit encore pendant 200 km en direction du sud et il y a encore moins d'arbres car tout est cultivé. Dur pour nous de trouver un coin discret pour dormir pour notre première nuit.


Soirées hongroises en Serbie ...

Le lendemain, 16 avril, comme prévu, nous retrouvons Kása, 31 ans, d'origine hongroise comme la majorité des gens de la ville, qui doit nous héberger pour une nuit chez lui à Be?ej. Csongor (prononcer « Tchongor ») un ami à lui organise une soirée pour sa fête et nous sommes donc invités aussi. Kása nous prévient, c'est le genre de fête typiquement hongroise qui peut durer 3 jours …
Au programme : tartines de gras avec paprika et oignons et soupe de haricots (prebranac), musiciens hongrois avec violons et guitares, beaucoup (trop) de pálinka, (eau de vie que chaque famille distille chez soi, à base de prunes, pêches, pommes … ), et beaucoup de discussions avec ces jeunes serbes qui se revendiquent tous hongrois … On rentrera beaucoup trop tard et trop fatigués pour espérer enfourcher nos vélos le lendemain …
On se contentera d'une balade sous le soleil avec Kása qui nous initiera aux Burek, qui nous parlera des vertus de l'eau jaunes à boire ou en cure thermale et de bien d'autres choses … On finira par un petit tour dans un bar le soir pour écouler encore quelques Jelen et Lav (bières serbes) en écoutant les stars locales.
Le lendemain c'est déjà dimanche et malgré la fatigue, on repart car Kása veut faire un bout de route avec nous avant de retourner travailler le lendemain. Après quelques réglages, il enfourche le vélo de Lydie pour mettre son goût pour le vélo à l'épreuve du chargement :). Malgré un vent fort, les 50 km qui nous séparent de Novi Sad sont avalés en 3 heures et notre hôte peut encore nous servir de guide touristique dans cette jolie ville qui garde malgré tout les traces des bombardement de l'OTAN de 1999 puisque tous les ponts avaient été détruits.

Merci pour tout Kása !

On plantera la tente à l'intérieure de l'immense forteresse mais la pluie et la fatigue du week-end vont ruiner notre motivation du lendemain … On restera donc un jour de plus à Novi Sad.

C'est assez incroyable comme la motivation est directement dépendante du soleil … Lassés des plaines et revigorés par la température, on repart pour se faire un détour de 40 km avec 1000 m de dénivelé dans le parc national de Fruska Gora juste pour aller voir un peu de montagne et de forêt … C'est long mais ca fait vraiment du bien ! ;)
Plus de 30 monastères ont été construit dans les montagnes à l'époque ou les Serbes craignait une colonisation des Turcs et de l'Islam et voulaient donc protéger leurs croyances. Une majorité de la population est de confession orthodoxe.

En plus on rencontrera en route Gérard et Nicole, des valaisans (Suisses), la cinquantaine qui suivent le Danube jusqu'à la mer noire et qui nous paieront une bonne bière avant qu'on commencer notre ascension.


Leçon de serbe ...

Le soir on veut rejoindre le Danube pour dormir, mais on ne trouve pas la plage indiquée. On demande donc a un groupe de paysans si ils connaissent un endroit pour camper et en moins de 10 min, on se retrouve à boire à nouveau de la rakia (l'équivalent de la pálinka pour les serbes) avec Nada et Sveto (environ 70 ans) qui doivent parler à peu près 10 mots d'anglais. On ne plantera pas la tente ce soir ! :)
Le frère de Sveto arrive ensuite avec ses deux fils pour faire du négoce de viande de porc et passeront la soirée avec nous.
Les discussions sont difficiles mais amusantes et notre petit livre d'images aura toute sont utilité. On comprendra tout de même clairement qu'ils n'aiment pas tellement l'OTAN ...

Le lendemain matin, Nada nous attend pour un petit déjeuner dont on se souviendra longtemps : escalopes de foie marinée dans du lait, frites, servies avec de l'huile d'olive, une sauce à base de tomates piments et poivrons et accompagnées de café, jus de tomate et sirop de cerise … A 8h le matin … ca change de la confiture et du pain … Lydie en mangera deux et pour faire honneur à mon chromosome Y, je serai tenu d'en manger 3 …

On repart vraiment contents en direction de Belgrade, sous le soleil. On retrouvera Gérard et Nicole le long de la route et encore à Belgrade le soir :) ça nous a fait vraiment plaisir de les rencontrer et on  se dit qu'on a pas fini de voyager à vélo !

Nous quittons Belgrade aujourd'hui en fin d'après-midi pour retrouver le Danube et filer jusqu'en Bulgarie... !