Fais comme les romains.

Comme prévu, la montée fut rude mais plus facile que pour le Bromo. Aprés avoir traversé des villages payant pour les touristes (?!? je n'ai toujours pas compris ce concept, qu'on a cependant habilement détourné en expliquant aux gardes que seuls les touristes motorisés devaient payer) et après avoir campé dans une plantation de café, nous arrivâmes tous fiers de nous au parking de départ de la randonnée pédestre menant au cratère "Kawah Ijen".

Rome (5)

Ni une ni deux, le temps est clair, on laisse nos vélos et on monte le long du chemin. Pour info et pour ceux qui n'ont pas vu l'émission Ushuaia qui y est dédiée, ce cratère n'est pas comme les autres, il crache du soufre et une centaine de forçats se tapent le trajet plusieurs fois par jour pour ramener quelques dizaines de kilos de cette matière à l'odeur si agréable.
A savoir que le trajet aller, à vide, comprend une petite montée de 3km et 500m de dénivelé, puis une descente abrupte de 1km pour 200m de déniv. pour aller chercher le machin jaune au fond du cratère. Le retour se fait par le même chemin, avec 60kg minimum sur le dos. Honnêtement, je pensais avoir une idée assez bonne de ce que c'est de porter 60kg, c'est à peu près le poids de mon vélo chargé. Mais quand j'ai essayé de soulever un de leur chargement, j'ai halluciné. C'est petit, c'est jaune, c'est presque joli à voir dans leurs paniers en osier. Mais j'ai à peine réussi à décoller les paniers du sol. Les gars portent l'équivalent de leur propre poids (si ce n'est plus) sur 4km d'un chemin de montagne. C'est du délire. Si c'était rentable, les chinois auraient construit un téléphérique depuis longtemps. Sauf que le soufre ne rapporte que 6 centimes du kg, 7.- CHF pour 5h d'un boulot de dingue ... Je n'en reviens toujours pas ...  (francs suisse ou euros, c'est quasi pareil en ce moment  :) :)

Rome (4)

En montant, on croisera tout ce petit monde qui descend, il est 14h, c'est le dernier voyage de la journée visiblement et le gros des touristes est parti puisque le "must" est de venir pour le lever du soleil (sans nous cette fois, on à la flemme d'attendre le lendemain et de se lever aux aurores ...) Alors pour le coup, le site est presque vide et dans un sens ça nous arrange, comme ça personne ne nous empêchera de descendre dans le cratère pour aller voir de près ce qui s'y passe. Avec la fumée, on a vu les panneaux "Interdits aux touristes" seulement au retour ... Bref, on a eu du bol parce que en bas ça vaut le coup d'oeil aussi. Le soufre sort visiblement à l'état gazeux et liquide et il se durcit en coulant sur la roche. Les forçat arrachent les plaques et les remontent. D'autres s'amusent pendant leur pause à mouler des lapins en soufre pour les vendre aux touristes en route.

La remontée depuis le cratère est vraiment pénible avec les vapeurs qui brûlent les yeux, le nez et la gorge malgré nos masques imbibés d'eau, mais on s'abstiendra de se plaindre, d'autres le font avec 60kg sur le dos ...

Retour au parking et camping sur place. Il est en effet déjà 16h, le soleil est bientôt couché et la descente s'annonce pas marrante, elle attendra demain. Mais la montée valait encore la peine, la route pour venir et le cratère sont magnifiques.

Rome (2)
Et grand luxe : on a trouvé à manger malgré le ramadan ! Laughing

Mais ça n'a pas plus a Allah. Embarassed

Alors pour me punir il m'a refilé une petite intoxication alimentaire. Une de plus. Diète forcée. Et oui, à moi seulement, pas à Lydie. De là à dire que l'islam n'accorde pas beaucoup d'importance aux femmes ...

Mais il m'a choppé trop tard et on avait fini la montée :) (forcément il doit déjà surveiller 1,5 milliards de musulmans !) C'est donc 1800m de dénivelé négatif sur 80km que je me suis fait à jeun pour payer ma dette. Sur une route toujours défoncée, faut pas perdre le rythme.

Un bateau plus tard, nous voilà à Bali.

Ahhh Bali ! Ca fait rêver hein ! Charmant, magnifique, envoûtant ... je dirais même plus, ... mortel !

Surtout le premier jour. Une seule route, remplie de voitures avec des touristes pressés dedans, de camions pressés de ravitailler les hôtels des touristes et de motos pressées de ramener les employés des hôtels chez eux. C'est très caricatural je l'admets, d'autant que visiblement le tourisme n'occupe pas la totalité des habitants de l'île. Mais avoir peur sur un vélo pendant 5h non-stop fait perdre un peu de lucidité.
Alors on a allongé encore les anti-cons en ajoutant un panneau écrit "Hati-hati!" - "Attention" en indonésien, et malgré celà, quelques coups de pieds et de poings (sur des carrosseries, je vous rassure) ont été nécessaires pour réveiller deux ou trois inconscients.

La valeur d'une vie humaine sur la route n'est vraiment pas la même partout. Ici, elle vaut peut être encore moins qu'ailleurs puisque les croyances hindouiste, bouddhiste et islamiques se mélangent, et avec elles les concepts de réincarnation et de vie "Allahmdoullilah" "A la grâce de Dieu" ...

Difficile dans ces conditions de profiter du paysage. Et pourtant les rizières en terrasses sont magnifiques, avec des temples à chaque virage et en fond la houle de l'océan indien qui vient s'échouer sur les plages en formant de jolis petits rouleaux.

Rome (3)

Le lendemain, on arrive au coeur touristique, bien décidés à suivre un conseil que Rémy nous avait donné suite à notre passage à Vang Vieng, au Laos pour mieux digérer les chocs culturels : à Rome, fait comme les romains. Et les romains de Bali, forts de leur cuirasse bronzée, c'est avec des planches de surf qu'ils en décousent.

Alea jacta est.

Un petit indonésien sympa (il y a un pléonasme ...) nous loue ses services et nous explique deux trois "tricks" et hop, on se jette dans les rouleaux, qui, une fois dedans, ne sont pas aussi petits qu'ils en avaient l'air ... En deux temps trois mouvements, on enchaine les rollers, aerial, etc ... Mais au bout d'une heure, on en a marre de mettre la honte à tout le monde alors d'un commun accord, on arrête. Ca tombe bien, les heures à pousser les vélos n'ont pas suffit à nous refaire des biceps dignes de ce nom et après une heure à pagayer, on est LE-SSI-VES.

Rome

Fin de la parade, retour à la chambre pour ... dormir.

Heureusement, l'autre occupation de ces romains (ils ont pas un peu l'accent australien ces romains d'ailleurs ??), c'est de manger ... italien. Ca tombe bien, on saturait un peu du riz et des nouilles sautées alors on reprend des forces en mangeant ... des pizzas romana et des penne carbonnara. Et comme dans ce monde parallèle, Allah semble moins à cheval sur les principes, j'ai pu me refaire une santé vite fait bien fait.

Veni Vidi Vici, Bali c'est déjà fini.

Comme toujours, on a hésité à venir dans ce qui s'apparente à un ghetto touristique (vous pouvez remplacer "ghetto" par "Mecque" si vous le souhaitez, moi je ne veux pas froisser Allah à nouveau).

Comme toujours ou presque, on est venu pour voir, en prenant bien soin de s'attendre au pire.

Et finalement on ne regrette pas. Alors c'est sûr, il a fallu se mettre en mode "No ! Thank you ! :)" pour refouler les assauts des innombrables  taxi-moto-massaaaaaaaage-surf-cold drink, etc ... Il a fallu aussi se taper 45 min d'embouteillages en arrivant dans une ville où semble-t-il tout le monde construit ce qu'il veut où il veut. Mais les 2 jours plage - surf - pizza c'était quand même bien cool.

Plus longtemps je ne sais pas et je suis pas sûr que je veuille essayer sans avoir un budget adapté :D mais la morale reste bonne : "A Bali, fait comme les australiens."

Il y avait sûrement plein d'autres belles choses à voir et à faire, plein d'autres vagues à surfer, mais il faut faire des choix et notre choix c'est d'aller voir ailleurs. D'ici 2 jours, on aura sans doute fait notre 4ème traversée en bateau pour rejoindre l'île de Lombok, à l'est et on enchainera encore les bateaux pour atteindre Florès où on devrait rouler et suer un peu avant une dernière traversée vers le Timor, dans 15 jours environ.

Y'a plus qu'à !

Rome (1)