Comme un symbole

Comme si rien ne pouvait adoucir la transition entre le Timor Leste et l'Australie. Pas même un bateau. Nos espoirs en arrivant à Dili se résumaient à croire à un miracle et Peter et son bateau avaient presque matérialisé ce miracle.
Il aurait pu nous raconter l'Australie jour après jour et nous faire oublier petit à petit les 7 mois qu'on vient de passer en Asie. On aurait eu le temps de réviser un peu notre anglais et de s'habituer à un accent qui rend même les salutations d'usage incompréhensibles. Mais c'est à croire que rien ne pouvait vraiment atténuer le choc des cultures qui nous attendait, pas même un bateau. Plus d'un an qu'on cherchait une solution pour traverser cette mer de Timor. 600km à peine. Une broutille. Mais cette broutille aura eu raison de nos heures de recherches et de motivation. Une nuit de réflexion nous avait presque motivé à rester, pour y croire encore. On avait presque commencé une mission en tant que volontaires dans l'organisation du "Tour de Timor", course cycliste (ça ne s'invente pas ...) emblème du pays qui débute le 11 septembre, et qui nous aurait permis d'attendre un bateau à moindre coût. Mais le contre coup de la déception était trop fort. On était trop fatigués d'essayer d'y croire encore et plus rien ne nous donnait un semblant d'espoir.

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Alors Lydie a réservé 2 aller simples pour Darwin et j'ai astiqué les vélos pour éviter les problèmes à la douane australienne. A 6h le lendemain matin nous étions devant une porte d'embarquement qui ressemble à toutes les portes d'embarquement du monde, à 7h nous étions dans un avion qui ressemble à tous les avions du monde et à 8h nous posions le pied sur le sol australien, télé-transportés au dessus de ces 600km de mer en moins d'une heure, sans même avoir eu le temps d'oublier les 100$ de surcharge de bagage à payer pour prendre un avion quasi vide.

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On ne sera pas restés très longtemps au Timor Leste, une semaine à peine. Mais c'était suffisant pour voir le ballet des 4x4 de l'ONU et des ONG, présent depuis l'indépendance de 2002 pour "construire" le pays. Pas ou peu de timorais dans les nombreux restos, cafés, hôtels, supermarchés de Dili, la capitale. Toute cette économie ne tient que par la présence de milliers de blancs venus temporairement "aider" le pays. Les chinois, quant à eux, ont construit le palais présidentiel, le palais de justice et construisent le premier centre commercial du pays. Et quand je dit "construire", ce n'est pas seulement "financer". Ce sont des chinois, importés avec les matières premières, qui manient la pelle et la pioche. Pas les timorais, qui doivent se contenter de vendre des recharges de téléphones à 1$ dans la rue, 3 gars à chaque carrefour. Non seulement ces constructions ne leur permettent pas d'avoir un emploi mais j'ai en plus bien du mal à comprendre ce qu'ils vont bien pouvoir faire de ce beau centre commercial fait sur mesure pour des expatriés dont les missions "d'aide" sont censées s'arrêter dans les 2 ou 3 prochaines années ... Bref, tout ça me semble bien bancal encore une fois et l'ONU et les ONG sont visiblement bien parties pour gérer le pays pendant de nombreuses années. Et pendant ce temps là, l'eau ne sort plus des puits dans les villages à 30km de Dili. Un petit air de Cambodge. Pardon, je m'emballe encore. Je finirai donc en disant qu'au Timor les gens sont généralement super sympa, la colonisation portuguaise a laissé de magnifiques églises et bâtiments militaires, que les plages sont incroyables tout comme les villages de montagne avec leurs maisons en paille. C'est vrai aussi.

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Après 3 jours passés à s'acclimater à Darwin, l'appel du désert est fort. On a déjà rencontré 3 autres cyclos (dont un allemand rencontré 6 mois auparavant au Laos), on a vérifié les vélos, fait des réserves de bouffe et tout est prêt maintenant pour partir vers le sud en passant par un petit parc national.

En espérant que le vent ne soit pas trop fort, car dans la région, il sera probablement de face ...

PS : Des photos d'Indonésie et du Timor en bonus.

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