Opération "Retour"

Une fois arrivés à Ushuaia, la pose photo devant "le" panneau expédiée et nos affaires posés au pied d'un lit, on peine toujours à réaliser qu'on y est vraiment. Tous ces kilomètres parcourus au fil des mois avec cette ville en tête, toutes ces découvertes et ces galères, on passe d'un coup du statut de cyclos à celui de "simples"touristes.
En ville, beaucoup de têtes blanches habillées de jolies gore-tex toutes neuves, embarquent ou débarquent de l'Antartique toute proche. Le vent souffle toujours aussi fort, la neige tombe parfois sur les montagnes environnantes et on profite des rares éclaircies pour aller se promener le long de la berge. On nous avait prédit une ville moche et austère. On découvre ce qu'on nous avait promis, les montagnes blanches et la jolie vue sur la mer en plus.

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Nous passerons 4 jours dans cette ville du bout du monde, 4 jours à encaisser le coup, à visiter un musée pour Eric, les magasins qui se remplissent de décorations de Noël pour moi, de recherches intensives surtout, pour trouver un bus qui veuille bien nous embarquer, nous et nos vélos jusqu'à Buenos Aires. D'autres avant nous avaient eu la mauvaise surprise de devoir payer autant pour embarquer leurs deux-roues à bord d'un bus que le prix d'une place assise, alors on se démène pour éviter de devoir passer à la caisse.

Au début on se laisse presque convaincre par une société de transport qui nous éviterais de devoir charger les vélos dans la soute d'un bus. Problème réglé, pas de négociation à faire avec un chauffeur avide de se faire de l'argent de poche, pas de nuit blanche à cause des vélos qui se fracassent dans la soute à chaque virage et d'avoir de la casse à l'arrivée. Problème réglé donc, jusqu'à ce que les chauffeurs poids-lourd du pays décident de se mettre en grève. Pour la deuxième fois en un mois. Là, ça nous fait beaucoup moins rire. On se voit déjà devoir faire un scandale à Buenos Aires et repartir du continent avec nos vélos perdus quelque part entre ici et là-bas. On arpente les rues d'Ushuaia en long en large et en travers à la recherche de cartons pour les emballer et espérer qu'ainsi les chauffeurs de bus soit plus cléments. Et ça marche ! Le 23 novembre à 4h du matin nous sommes à la gare de bus, sous la pluie, en train de démonter roues avant et pédales et de glisser nos vélos, bien rangés dans leurs cartons dans la soute d'un premier bus.

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13H plus tard, un passage exprès au Chili, une traversée en ferry pour quitter La Terre de Feu et une pseudo panne, nous retrouvons Rio Grande. Nous ne quitterons pas le terminal puisqu'un autre bus a déjà le moteur allumé et prêt à partir. Les sièges sont aux 3/4 vides, le chauffeurs sont sympas. Bingo. On se félicite d'avoir pris le temps de trouver ces cartons, ça rassure les chauffeurs et c'est vraiment plus pratique à transporter.
Deuxième arrêt, 17h plus tard dans la petite ville de Puerto Madryn. Nous ne sommes pas pressés, le cargo ne doit partir que dans 10 jours et les discussions que nous avions eu avec Sophie, Thierry et Briac nous on mit l'eau à la bouche. La ville ou ses plages environnantes surtout, accueille chaque années les baleines franches, qui viennent dans les baies calmes du coin pour se reposer et permettre à leurs petits de grandir en toute tranquillité avant de repartir au grand large vers mi-décembre.
On sort donc nos vélos des cartons, on les remonte et on part pour une ballade de 20km sous le soleil. Nous sommes quelques 1500km plus au nord et la température s'en ressent et du coup c'est vraiment l'été. Nous passerons 2 nuits dans le parc de El Doradillo, plus ou moins à l'abri du vent et sous l'approbation des rangers. Les baleines et leurs petits sont bien là. Très calme la journée, elles se contentent de faire quelques passages près de la plage. Elles sont par contre beaucoup plus démonstratives le soir et le matin. Spectacle magique de les voir souffler et de les voir sortir de l'eau de si près.

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Après 2 nuits sous tente, on retourne en ville et on se pointe à la gare de bus. Pas de bol, aujourd'hui c'est férié et tous les bus sont pleins. On a pas envie de tente le coup comme au Chili et d'attendre des heures en espérant avoir une place, alors on achète nos billets pour le lendemain et on file prendre une douche au camping !

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Le lendemain on recommence, on démonte les vélos, on paie un prix dérisoire pour nos vélos et on s'installe pour regarder le paysage qui ne changera pratiquement pas sur les prochains 1500 km. Ce côté là de l'Argentine est composé principalement de vastes pleines ou rien ne pousse et que le vent balaie. Par ici, ça s'appelle la "pampa" et nous ne verront que ça pendant 24h.

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Arrivés dans la matinée à La Plata, à 50km du but, notre bus fait un arrêt au terminal et n'en repart plus. Au bout de 2h d'attente (!!) des passagers excéder vont demander aux chauffeurs se qui se passe. Essieux cassés, on doit se changer de véhicule pour rallier Buenos Aires ! Ok, très bien. Tout le monde descend, la compagnie fait venir 2 navettes sans soutes où il nous est clairement impossible d'embarquer avec nos vélos. Réponse des chauffeurs, démerder vous et faites la queue pour prendre les bus plus gros qui font la liaison entre les deux villes. La queue, c'est cette file de gens qui n'en fini plus et qui nous prendrait au bas mot plus de 2h, sachant que nous avons toutes nos sacoches à traîner derrière nous et deux gros cartons. Le ton monte, les chauffeurs se défilent et c'est finalement grâce à l'aide des autres passagers que nous arriverons à faire entrer les vélos dans l'allée de la navette, les sacoches entassées au fond.

Buenos Aires. Enfin. Il fait beau, les vélos sont remontés et chargés, on file sur la piste cyclable jusqu'au centre et on se pose dans une auberge sympa. Nous sommes dans le quartier de San Telmo, réputé pour son ambiance "d'artiste" et on s'y sent bien. On flâne dans les rues, on chine au marché où Carlos Gardel nous fait de l'oeil, on mange dans une des nombreuses brasserie du coin ou on cuisine dans l'auberge.

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Samedi 1 décembre on profite de sortir puisqu'il y a en ville un festival de tango et un concert pour le Sidaction entre autre. Une avenue entière est bouclée et fermée à la circulation, 3 scènes sont installée et des centaines de couples insolitent dansent au rythme des orchestres. Des ados et des retraités, des jeans-basket et robes de soirée, les gens se mélangent et font vivre cette danse typique d'Argentine. Un régal !

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Et puis le mardi 4 décembre, nous embarquons à bord d'un ferry pour traverser le Rio de la Plata qui séparent l'Argentine de l'Uruguay. Notre bateau en direction de l'Europe part depuis la capitale, Montevideo alors on préfère y arriver quelques jours en avance. On prend notre mal en patience, les voyages en cargo se fichent des horaires et comme pour notre départ de Nouvelle-Zélande, notre bateau se fait attendre. Prévu lors de notre réservation pour un départ le 3 décembre, la date de départ à par la suite jongler sans cesse entre le 5 et le 9 décembre. Depuis hier, on sait que l'on va devoir patienter jusqu'au 13 ... Affaire à suivre. L'hiver bat son plein en Europe alors on profite encore un peu de la chaleur estivale et on règle les dernières formalités avant d'embarquer pour 30 jours et de traverser l'atlantique. Prochaines nouvelles depuis le vieux continent. La Belgique sera notre "premier" pays avec ensuite le Luxembourg peut-être, la France et puis la Suisse... A bientôt !

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