Un (re)tour en bateau

Ca y est... Après de nombreux changement et 8 jours d'attente à Montevideo, le jour du départ (ou du retour) à enfin sonné.

Le 13 décembre au matin on quitte notre chambre d'un petit hôtel du centre ville, on va faire quelques courses pour le mois qui vient (du chocolat et des bonbons) et on file à l'agence avec qui nous avons rendez-vous pour les formalités. Notre dernière action en Amérique du Sud aura été de passer au bureau de change pour liquider nos derniers pesos contre ... des Euros ! Cette fois c'est sûr, ça sent le retour à la maison !

En arrivant au port, le Grande Buenos Aires qui va nous embarquer jusqu'à Anvers est déjà là. Sur le quai, 6 gros camping-car et 2 motos attendent d'effectuer les formalités douanières. J'ai un gros doute puisque la capacité du bateau n'est que de 12 passagers mais ces marins là, à 80% Français, sont les nouveaux arrivant. Ils viennent de passer un mois à bord et son plutôt contents de pouvoir se dégourdir les jambes et d'enfin pouvoir commencer leurs périple en Amérique du Sud. A comparer, la croisière du retour sera bien tranquille : seul un autre couple d'allemands embarque avec nous.

On défait nos sacoches des vélos et on s'enfile dans l'ascenseur direction le 13ème étage. La hauteur totale du bateau fait presque 40m et c'est très impressionnant de dominer le port depuis le pont. Notre cabine malheureusement n'a pas de hublot. On le savait puisque c'est ce qu'on avait réservé mais le standing de notre chambre, même si ça sera très confortable, est nettement inférieur à ce qu'on avait eu sur le Bahia Grande ! Ils ont bon goût ces riches quand même !

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Mais tant pis, la salle commune est grande et lumineuse, une cinquantaines de bouquins en français de tous les genres fournissent la bibliothèque, des scrabbles (en français et en anglais) et des revues occuperons agréablement nos journées en mer. Nous passerons la plupart de nos journées hors de notre cabine, entre la salle commune, la salle de gym et la salle à manger. Parce que notre seule obligation pour ces 3 prochaines semaines, c'est d'être à l'heure pour les repas. Servis à heures fixes par Giovanni et Armando, nos deux stewards. Le rendez-vous est donc pris pour les jours suivants à 7h30, 11h et 18h. Nous partagerons nos repas avec Manfred et Gudrun, en voyage en Amérique du Sud depuis 1 an. Ils nous raconterons les colonies allemandes du Brésil et de l’Équateur, les barbecues arrosés avec leurs compatriotes expatriés au soleil et passeront le reste du temps sur le pont à faire bronzette. Ils ne parlent ni anglais , ni espagnol, ni italien, ni français évidemment. Je me débrouille donc tant bien que mal pour leur traduire les consignes de sécurité en visitant le navire avec le 2ème officier. (aachhhh...!)

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Après quelques jours de navigation, nous faisons une première escale à Santos, au Brésil. Sao Paolo n'est qu'à 60 km et le port est une fourmilière. Un côté « pile » en arrivant avec les jolies plages (et les jolies filles), les promenades et les pistes cyclables le long de la mer et le côté « face » de l'autre avec le port. La première ressource du coin c'est le charbon, et les quais en sont recouverts, ainsi que les bidonville qui grignotent du terrain sur la mer.

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Deux jours plus tard, nous accostons dans la ville de Vittoria. Nous sommes en début de soirée et nous attendrons la fin du service de Giovanni pour aller faire un tour en ville avec lui. Un saut au supermarché et deux bars plus loin nous sommes de retour à bord. Un aller-retour express mais qui nous aura permis de nous promener en ville et qui nous a fait du bien.
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Le lendemain, nous quittons pour de bon le continent Sud Américain. Nous entamons la traversée de l'océan atlantique qui durera 6 jours. Le capitaine en profite pour nous inviter à sa table et pour nous donner un certificat qui atteste notre passage de l'équateur. Tout un programme ! Ce qu'on retiens surtout c'est que le moindre prétexte est bon pour sortir les beaux couverts et faire un apéro. L'alcool est interdit à bord, sauf lorsque le capitaine décide que l'occasion en vaut la peine. Une occasion qu'on ne peut lui reprocher, c'est le repas du réveillon de Noël qu'il a organisé. Le cuistot s'affairait en cuisine depuis 3 jours pour nous préparer un menu à ralonge digne de ce nom. Ballons et cotillons, champagne et petits fours et du panettone en dessert. Nous passons le plus agréable Noël de notre voyage ! (Nous étions couvert de poussière en Chine pour le premier, et dans un camping hors de prix à l'ambiance morose en Nouvelle-Zélande pour le deuxième)

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Les jours passent et se ressemble mais dans l'ensemble passent assez vite. Nous trions les photos pour les mettre en ligne dès notre retour sur la terre ferme, Eric nettoie les traces GPS et complète ses tableaux excel, je vais parfois faire un tour dans la salle de gym le matin quand c'est tranquille et Eric y va l'après-midi ou le soir. Certains membres de l'équipage indien jouent au ping-pong tous les soirs alors Eric se joint à eux et améliore son revers. Le reste du temps quand nous sommes dans la salle commune nous avons parfois la visite du cuistot ou de Giovanni. Entre les repas c'est la pause pour eux et ils viennent discuter ou jouer aux dames ou nous refile en douce des portions de melon ou de glace pour le goûter (comme si on devait encore manger en plus des repas!)

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On profite aussi de la chaleur et du soleil sur le pont, le retour en Europe s'annonce froid et pluvieux alors on en profite tant qu'on peut. Nous devrons aussi changer d'heure par deux fois au milieu de l'atlantique. Et puis le 26 décembre, la traversée prend fin, on voit la terre au loin, et cette terre, c'est l'Afrique ! Pour tout l'équipage c'est surtout le niveau d'alerte maximum. Beaucoup trop de sénégalais tente de se glisser à l'intérieur des bateaux dans l'espoir de se retrouver en Europe. Ce qu'il ne savent pas c'est que c'est la responsabilité du capitaine de surveiller son navire et que si les autorités européennes découvrent un clandestin à bord, non seulement il ne lui permettrons pas de fouler un pied à terre, mais le capitaine risque de grave sanction (parfois la prison) Les marins font des tournus sur le pont nuit et jour pour surveiller les éventuels cascadeurs et les lances à incendie sont sorties pour les refouler en cas de tentative.

Nous débarquerons à Dakar le lendemain. Là aussi les mesures de sécurité ont été renforcées. La porte d'accès à l'ascenseur ainsi que l'escalier on été verrouillée. Deux membres de l'équipage contrôle chaque véhicule qui entre dans l'énorme soute, y compris le dessous des camions et les officiers sont tous mobilisés pour le contrôle du chargement des containers.
Mais pour nous c'est tranquille, le timing est parfait et nous avons la journée pour profiter de la capitale Sénégalaise. On partira tout d'abord à la recherche d'une connexion internet puis nous irons prendre un bon repas dans un petit restaurant proche du marché. Nous passerons une partie de l'après-midi sur la promenade au bord des falaises et profiterons aussi de mettre les pieds dans l'eau à l'une des très belle plage de la ville. L'ambiance est colorée, les femmes sont magnifiques avec leurs boubous, les hommes longilignes et surtout on nous réponds en français !!! Même si nous ne sommes plus du tout habitués à cette effervescence nous profiterons bien de cette journée.

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Retour à bord et retour en mer. Les journées reprennent leur rythme normale et on s'amuse à découvrir les potins de la vie à bord. On repère les chouchous, les bout-en-train et les lèches-cul, ceux qui ont 8 mois dans les jambes et qui se réjouissent de rentrer et ceux pour qui c'est le premier contrat.

Le capitaine est jeune pour ses responsabilités et à 38 ans il a déjà de la bouteille. Il est discret mais agréable avec nous et ses hommes en parle en bien. Il est respecté et apprécié ce qui doit être difficile à gérer lorsqu'on vit pendant si longtemps avec les mêmes personnes et avec autant de promiscuité. Les règles par contre sont plus strictes que sur le Bahia Grande. Tout le monde porte l'uniforme, on se lève quand le chef entre dans la salle et on ne quitte pas la table avant lui. Ça fait très protocolaire mais ça fait partie du jeu !

Côté cuisine nous sommes aussi servis. Chaque repas est composé de 3 plats, et franchement c'est beaucoup trop. Toujours des pâtes en entrée (moi je pourrais m'arrêter après ça) puis du poisson et de la viande. Très peu de légumes (peut-être à cause de la difficulté de conservation, bien qu'on en ait eu en quantité lors de notre traversée du pacifique) C'est très bon la plupart du temps mais pas tellement varié. Il y a de la ségrégation entre l'équipage indien et italien. Deux cuisinier, deux salle à manger et deux manières bien différentes de voir les choses. Notre cuistot ne supporte pas la nourriture indienne. (toujours et encore du riz) et nous on lui dira que bon, les italiens c'est quand même aussi encore et toujours des pâtes, il nous répondra que non, un jour c'est des tagliatelles, le lendemain des gnocchis et une autre fois des lasagnes. Toujours avec des sauces différentes. Soit, mais pour moi c'est toujours que des pâtes. Je me tais de peur d'avoir des représailles et d'être privée de dessert.

Le soir du 31 décembre nous aurons droit à nouvelle fois au grand jeu. Le cuistot prépare un grand buffet et l'ambiance est plus détendue que pour Noël. Ce soir on passe en 2013. Une première annonce est faite en musique à 18h30, minuit à New Dehli, et le champagne saute à 23h, minuit à Napoli ! Un dernier verre, une coupe de glace et tout le monde au lit. Les tours de garde sont pareils en semaine que pour les jours fériés, ainsi va la vie sur un cargo.

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On débute 2013 sur le même rythme que la vieille année. On joue au ping-pong ou au scrabble, Eric passe encore des heures à essayer de réparer mon PC qui n'arrête pas de planter. Impossible de finir mes albums photos ni de faire le moindre montage vidéo. Ça devra encore attendre, tant pis.

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Et puis nous sommes rempli de mélancolie en voyant les côtes françaises.... Là-bas, à quelques 30km de nous, clignote la lumière d'un phare de Bretagne ... Le brouillard et le vent frais sont là eux aussi ainsi que la nuit qui tombe dès 16h30. La mer ne nous fait pas tanguer autant que l'on ait craint. A peine un peu en passant vers le détroit de Gibraltar mais sinon plus rien. Le 4 janvier nous sommes en Angleterre, dans le port de Tilbury. Londres est à plus de 60km et nous n'avons pas envie de payer pour le train alors on se contente d'aller faire un tour au supermarché à 5 minutes à pied du port. Depuis la Nouvelle-Zélande que nous n'avions pas vu autant de caisses ouvertes en même temps ! 2 jours de plus en mer, quelques éoliennes puis l'Elbe sur 100km pour arriver à Hambourg. Nos compagnons de voyage désembarquent ici. Nous on reste à bord et on compte maintenant les nuits avant notre arrivée en Belgique ...
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