Ingrédients pour une montée

Après 3 nuits de repos à Armenia, on se réveille sous la pluie. Une fois n'est pas coutume, c'est Lydie qui insiste pour rester un jour de plus (qu'elle mettra à profit en en écrivant le dernier article). Un jour de repos de plus pour mon poignet, c'est pas mal non plus. Les anti-inflamatoires font leur effet, et la douleur diminue rapidement, même si ma main prend des tons successivements jaune, rouge et bleu. La tente est réparée mais le nettoyage des saccoches attendra, le style crado c'est pas mal en fait, ça va bien avec la chemise racommodée 4 fois.

Bref le lendemain on repart presque en pleine forme et presque sous le soleil. On voulait aller voir Salento, un petit village réputé typique dans la montagne, une petite boucle de 60km. 30km et quelques collines plus tard, on rebrousse chemin alors que le but est en vue, à 9 km de là. Le temps gris et la la dernière vallée à traverser rendent le lieu beaucoup moins attrayant que prévu et ont raison de notre motivation initiale. Y'a des jours comme ça ...

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On rejoint alors la Panaméricaine pour filer au sud à travers la région du café où les "fincas", propriétés de campagne, souvent magnifiques, sont transformées en hôtels avec piscine pour accueillir les nombreux touristes colombiens. Malgré le café qui sèche à même la rue, on reste quand même un peu sur notre faim car on aura vu plus de bananiers que de plantations de café (mais pourtant les bananes nourrissent plus que le café non ??).

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50km plus loin, fini le café, place à la canne à sucre sur 200km de plaine. Les conducteurs sont toujours sympas, une dame nous offre même nos consommations. Mais la route n'est pas très intéressante et on galère pour trouver à camper : les habitants sont très gentils, mais aucun ne veut avoir d'ennuis avec les compagnies de sécurités qui patrouillent la nuit pour surveiller les immenses plantations de canne et qui se demanderaient bien ce que fait une tente dans les parages. A 20h, dans la nuit noire, on finit à l'hôtel dans un petit bled dans une ambiance tendue après 122km.

Le lendemain, on trace encore à travers le sucre, en compagnie des camions remplis de canne jusqu'à déborder et qui nous font des caries rien qu'avec leur odeur. Heureusement, ils roulent moins vite qu'en Australie ...

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A midi, on se dirige à nouveau vers la place centrale d'un de ces petits villages pour trouver un jus de fruit frais à 50 centimes, mais là des policiers en patrouille à moto nous arrêtent. Pas question d'aller plus loin tous seuls, ils nous escortent directement au poste, transformé en place forte. On comprend que c'est dangereux pour les touristes mais la raison nous échappe et on mangera donc notre pique nique dans la salle TV des flics. Au moment de repartir, le grand chef arrive et nous explique alors que cette ville, Punto Tejada, sert de citée dortoir pour les locaux à la peau sombre qui travaillent pour l'industrie de la canne à sucre. Et visiblement l'ambiance est pas géniale, surtout si tu as la peau blanche. Pas de problème pour nous, la patrouille nous escorte à nouveau 1km en dehors de la ville, le pouce toujours sur la gachette. Ambiance.

Pas d'autre problème en vue, tous les autres bleds sont sûrs d'après le chef, les problèmes sont concentrés ici. On prend note.

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30km plus loin la montée vers Popayan commence ; on prend quand même le temps de goûter le jus de canne local, pressé dans une machine presque toute en bois magnifique ; comme en asie, une demi mandarine pressée complète la boisson qui rafraichit toujours autant (c'est pas vraiment une mandarine puisque ça a la peau verte, mais je ne connais pas le nom local).

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Mais le soir arrive et dans un grand soulagement, on trouve un terrain de foot abandonné au milieu d'un village bienveillant qui nous laisse l'utiliser pour la nuit. Plat, pas de vent, jolie vue sur la montagne et des chevaux qui font le spectacle. Ca faisait longtemps que le camping sauvage n'avait pas été aussi facile et confortable ...

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Du café, des bananes et sucre, rien de tel pour avaler les 1500m de déniv sous une petite pluie rafraichissante. Bon, comme d'habitude quand on a un objectif pour la nuit, les derniers kilomètres sont interminables, surtout que là, les conducteurs sont beaucoup moins sympas. Mon majeur à repris du service pour la première fois en Colombie ; après 2 semaines, d'abstinence, c'est presque un record.

Mais on trouve un hôtel sympa, des bons coins pour manger et la ville, toute de blanche vêtue (non, pas de neige malheureusement), a conservé son style colonial.

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On revoit aussi Jen et Dave, entrevus à Cartagène, et on va avec eux prendre un bain d'eau chaude sulfurisée dans des sources dans la montagne. Les 40°C des bassins nous feront oublier la pluie, par contre le trajet en bus et en jeep nous rappelera combien nous sommes devenus sensibles au mal des transport :(

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Et comme ça nous fait du bien de passer du temps avec des confrères, on repart demain avec eux en direction de l'Equateur. Ca nous change de notre routine, il faut s'adapter un peu, ça fait des nouvelles discussions, ça apporte du neuf de temps en temps !

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4 -5 jours de route et on en aura fini de la Colombie, on regrette presque de ne pas prendre plus de temps mais le sud nous appelle et la pluie nous fait un peu fuir ...