1er novembre 2011, nous quittons Adélaïde sous le soleil. Après 2 jours de pluie, on n'en revient toujours pas de notre chance quand on compte le nombre de jours roulés ou à camper par mauvais temps. Nous n'avons toujours pas pu tester la nouvelle étanchéité de notre tente depuis que nous avons appliqué de la silicone sur les coutures. Rémy s'en souvient peut-être, c'était en arrivant en Chine, à Urumchi, au mois d'octobre... 2010 !
On quitte donc la capitale de l'Australie du Sud avec un guide, puisque Peter nous accompagne pour les 60 premiers kilomètres de la journée. C'est un réel plaisir de pouvoir rouler avec lui puisqu'en plus de nous faire découvrir les pistes cyclables et les petites routes de campagne, on profite encore un peu de sa compagnie qui va beaucoup nous manquer.
Adelaïde est entourée de collines, c'est une reprise un peu difficile pour nous puisque nous n'avons pas dépassé les 100 mètres de dénivelé par jour depuis bien longtemps. Ce n'est pas les Alpes non plus, mais nous ne sommes plus du tout habitués à rouler sur le petit plateau. Mais le paysage est encore plus beau, la vue sur la ville depuis les hauteurs et les alpagas dans les champs, ça donne un air de printemps. Quelques paysans font déjà les foins, avec pour conséquence pour moi des éternuements à répétition. Allergique au pollen, je n'avais pas ressenti ces sensations depuis plus d'un an.
Nous arrivons à Strathalbyn pour midi. Très jolie ville malgré son nom imprononçable, qui comme toutes les petites localités d'Australie a dans son "centre-ville" des toilettes publique propre et avec du papier, une boulangerie, un IGA (commerce indépendant de détail = courses pas trop chères), un parc avec des bancs pour pique-niquer, une station-service, une banque, une poste ... (Vous remarquerez nos priorités, citées dans l'ordre)
C'est ici que nous quittons Peter, et la route reprend ses droits et nous nos habitudes. Nous avons une petite semaine de route avant d'atteindre Warrnambool et de réellement commencer la célèbre Great Ocean Road. La route redevient vite un peu monotone, toujours avec beaucoup de vent, de face évidemment.
Quelques animations tout de même le long du chemin en commençant par une chute pour moi une fin d'après-midi. Une ligne droite, une pause qui tarde à venir, pas tellement concentrée sur la distance entre nos deux vélos et en 2 secondes, je touche la roue arrière d'Eric qui prend le relais et je finis au milieu de la route. J'ai mal au coude et je n'arrive pas à relever mon vélo. À ce moment-là j'ai surtout peur de la voiture qui arrive derrière moi ou d'avoir déchiré une sacoche. Plus de peur que de mal heureusement, je m'en sortirais avec un coude et un genou griffé, un rétro en moins et une belle frayeur aussi pour Éric. On en connaît certains qui on fini en pousse-pousse pour moins que ça !
Animation d'un autre genre, un jour juste après notre départ nous retrouvons la famille d'Alexandre et Cécile que nous avions déjà rencontrée sur la Stuart Highway. Un an sabbatique à barouder autour du monde en commençant par l'Australie, la Nouvelle-Zélande puis les Amériques... avec 4 enfants ! On se souvenait de leur délicieuse salade de riz, partagée en route alors qu'Eric réparait son moyeu, et des centaines de questions que se posait Antoine, Rosalie, Juliette et Paul. Les plus grands étant en âge scolaire, les parents font office d'instituteurs, chauffeurs, guide touristiques et traducteurs. On ne sait pas comment ils font pour réussir à faire les cours aux enfants, mettre à jour leur blog, faire à manger pour 6, tout en étant en vacances ! On admire en tout cas leur courage d'avoir tout quitté en France pour vivre cette belle aventure en famille. On retiendra surtout 2 citations qui sont devenues des phrases cultes pour nous:
La première en parlant de l'Asie et du bouddhisme: "Eh ben, Paul y devrait être Bouddhiste ! Ah bon pourquoi ? - Parce qu'il boude tout le temps ! "
La deuxième à l'occasion de la Toussaint (ou en France, c'est la période de 2 semaines de vacances scolaire) - "Ce voyage est une véritable arnaque car on n'a pas de vacances de la Toussaint"
On a beaucoup râlé sur les voyageurs pénibles rencontrés en route, mais la preuve est qu'il y en a un tas d'autres très sympa, et c'est d'eux qu'on voudrait se souvenir ! On vous conseille un tour sur leur blog, pour les photos et pour les récits des enfants (ceux des parents aussi) La Famille Villey, c'est par ici ...
Les choses sérieuses commencent vraiment à l'approche de Port Fairy. La route longe maintenant l'océan depuis quelques kilomètres, et ce jusqu'à Melbourne. Mais quelle route ! 243 kilomètres qui sillonnent la campagne australienne, falaises et formation rocheuse que des milliers de touristes viennent admirer chaque année. Nous sommes heureusement en avance par rapport à la haute saison touristique, mais on a de la peine à imaginer ce que ça doit être en plein boom.
On retrouve les cars de Japonais et de Chinois, les prix des supermarchés qui triplent et les caravanes qui succèdent aux camping-cars et autres voitures de location pressées. Mais on comprendra vite pourquoi tant de monde est attiré par cet endroit, tant les paysages sont prenants. Notre route commence par Childers Cove, et restera sans doute un des plus beaux endroits de la côte sud. On profite de l'endroit qui n'est pas (encore) envahi par les touristes pour se promener sur les falaises et admirer un magnifique coucher de soleil sur les rochers. La suite sera tout aussi belle, même avec le gris du ciel et un gros orage.
L'État du Victoria où nous nous trouvons est réputé pour avoir un climat capricieux. 4 saisons dans une journée, mais au moins, le vent a tourné et même si les villes du coin ressemblent plus à la Côte d'Azur en été avec les magasins de mode et les écoles de surf, on prend beaucoup de plaisir à rouler ici. Cerise sur le gâteau juste avant d'arriver à Torquay, on décide de prendre les anciennes routes de la côte pour être un peu plus tranquille et pour trouver à camper un peu plus facilement. La piste est bordée d'eucalyptus, certains sans feuilles, ravagés par une espèce des plus mignonne qui soit. Après les kangourous et les émeus, nous avons la chance de voir l'autre emblème de l'Australie: les koalas ! Difficiles à repérer puisque bien camouflés dans leurs eucalyptus, ils sont blottis dans le creux des branches pour la plus grande partie de la journée. Mais contrairement aux kangourou, on arrive à en profiter un peu plus longtemps. Ces boules de poils dorment la plupart du temps et quand on en repère un, on sait qu'il ne va pas s'enfuir en 3 bonds !
Parenthèse verte et nature terminée. Après Torquay, la circulation devient de plus en plus grande et plus bruyante. Pas de doute, nous sommes près d'une des plus grandes villes du pays. Melbourne compte pas moins de 4 millions d'habitants. Et comme toutes les villes que nous avons vues jusqu'à présent, il n'y a que très peu d'HLM ou d'immeuble d'habitation. Les Australiens vivent dans des maisons individuelles à un ou deux étages, ce qui rend les villes très étalées. On suit les routes secondaires pour commencer, puis rapidement on se retrouve malgré nous sur une 4 voies. Pas très drôle mais au moins on avance. Jusqu'au moment où la bande d'arrêt d'urgence devient interdite aux cyclos.
On se fie alors à notre GPS pour suivre tant bien que mal les routes parallèles avant de tomber sur Ed, qui fait sa sortie du week-end. C'est samedi, et depuis ce matin on a arrêté de compter le nombre de cyclistes en tenue pipette qui fait leur exercice de la semaine.
Ed habite près du centre-ville et nous propose de le suivre sur les pistes cyclables que les ingénieux ingénieurs avaient bien pris le soin de planquer pour être sûr de ne pas être empruntées par les touristes que nous sommes. Ed nous fait donc entrer dans Melbourne par la petite porte et nous fait passer par des quartiers et des petites rues qui nous font déjà dire que c'est endroit à l'air très, très agréable à vivre. Des parcs, des petits cafés, des restaurants, et beaucoup d'espace. Déjà, on arrive au centre-ville en ayant l'impression de n'avoir traversé que des quartiers résidentiels !
Il nous reste encore une petite dizaine de kilomètres avant d'atteindre la maison de Jon qui nous reçoit chez lui pour quelques jours. On y arrive en longeant la plage où beaucoup de monde se retrouve pour vivre le "rêve" australien: surf et kitesurf sont les rois ici et on ne se lasse pas de les regarder s'éclater dans les vagues.
Jon nous mettra au parfum directement en nous faisant découvrir les petits restaurants et les mille et une manière de servir un bon café. La ville est très cosmopolite, un joli mélange d'Asie, de Grèce, d'Irlande et d'Inde. Des visages très différents les uns des autres, autant de cuisine à découvrir, on se sent bien dans cette ville qui bouge à l'atmosphère relax. Mais on n'a pas tellement le temps de se reposer. Mille choses à faire et les jours qui défilent... Vivement Sydney qu'on prenne un peu de vacances !
Ici l'été arrive à grands pas, on pense à vous en Europe avec les jours qui raccourcissent et Noël qui approche. Sentiment bizarre de voir les Pères Noël et les décorations de fête ici alors que tout le monde est en t-shirts. Un Noël sans neige, une fois de plus, mais la Nouvelle-Zélande nous attend, et elle est plus proche que jamais ... En route !
PS: nous nous sommes rendu compte que nous étions complètement "has been" quant aux sorties de film ou aux derniers tubes musicaux. Alors pour ne pas paraître trop bêtes en rentrant, c'est quoi le hit du moment sur Nostalgie ??