Après avoir profité de quelques jours de repos bien mérités à Urumchi, passé 30h dans un bus plein de gens pas très bien éduqués, nous sommes arrivés à Lanzhou, en plein centre de la Chine. Après 10 jours de pause, nous n'avions plus qu'une envie, c'est de remonter sur nos vélos et de partir découvrir cette partie de la Chine pas très touristique surtout à cette saison: et pour cause, des cols à plus de 3000 mètres en plein hiver, il faut dire que ça ne nous faisait pas non plus rêver ! Mais nos premiers jours dans la province de Gansu se passent vraiment bien.
La saison des pluies est terminée depuis longtemps, et les hivers dans le coin sont très secs. Ce qui veut dire que les journées sont fraîches, mais ensoleillée et ce sont donc des conditions parfaites pour rouler. La journée. Parce que le soir et le matin c'est une autre histoire. Dès que le soleil se couche, la température file en dessous de 0° et ça devient nettement moins marrant de cuisiner, manger et bouquiner dans la tente. Nos duvets nous tiennent bien au chaud mais du coup, nous passons souvent plus de 12 h dans la tente (ouuuuuh, les flemmards!)
Les routes sont parfaitement goudronnées, nous traversons des petits villages sympas, faisons nos courses aux marchés, traversons des tunnels pas toujours bien éclairés, mangeons au restaurant des menus au pif et souvent moins chers que si on devait les cuisiner nous même et la compagnie de Rémy toujours un grand plaisir. Grande nouveauté aussi grâce à lui, nous nous sommes mis à la cuisine au gaz (nous étions au pétrole jusqu'ici) Plus propre, plus rapide et surtout possibilité de cuisiner dans la tente et ainsi de gagner quelques degrés.
Et puis la route continue de monter dans la montagne. Alors non, nous ne sommes pas au Tibet, nous ne verrons pas Lhassa ni des centaines de monastères. Le gouvernement chinois a d'ailleurs récemment renforcer les contrôles et de nombreux cyclistes qui ont essayés ont été cordialement invités à dégager sur le champ ... Nous ne roulerons pas non plus à 4000m d'altitude, trop tard, trop froid, et pourtant la route qui passe un peu plus dans les montagnes est, d'après d'autres voyageurs, magnifique... Mais il aurait fallu être là 4 semaines plus tôt, le froid nous ramène bien vite à la raison ...
Et finalement, les villages, monastères et paysages rencontrés sur notre route sont déjà incroyables ... Nous sommes sous le charme. Moi qui avait rêver de cette partie du monde pendant mon adolescence les yeux rivé dans les BD de "Jonathan" (écrit par un Suisse, Cosey) Je revois les dessins des monastères, des tibétains aux lourds manteaux colorés, de l'écriture tibétaine qui ressemble à une partition de musique, des yaks et des pèlerins bouddhistes. Je pense souvent à ce Jonathan qui détestait le thé au beurre (pas si horrible que ça) qui mangeait de la "tsampa" (sorte de dessert à base de farine et de lait de yak) et qui parcourait le Tibet avec Kate et la lieutenant chinoise Ling...
Alors arrivés à Xiahe, on se prend au jeu. On fait tourner les moulins à prières, on visite les temples avec un moine, on s'émerveille devant les décorations des temples, sur l'exposition de sculptures à base de beurre de yak et surtout on essaie de comprendre (en vain) ce qui pousse ces pèlerins à venir jusqu'ici en se prosternant tous les 3 pas ...
Mais en y regardant de plus près, cette petite vie bouddhiste est pleine de contrastes : les pèlerins démunis rampent sur des milliers de kilomètres pendant que les jeunes moines friment en ville avec leur 125cc, un moine allume des bougies devant un Buddha géant tout en répondant à son téléphone portable devant une assistance en recueillement et le moine à côté de moi sur internet joue au poker en ligne pendant que les moulins continuent à tourner en grinçant sous l'action de dizaines de vieillards ...
Impossible non plus d'ignorer que le lieu est hautement touristique ... Des dizaines de barres d'immeubles sont en construction et les restaurants, avec des menus en tibétain, chinois et anglais, vantent leurs plats "traditionnels" tibétains à côté de l'incontournable hamburger-frites.
A Xiahe, nous avons aussi retrouvé Seb et Julie que nous avions déjà vu à Tashkent. C'est donc un genre de "Club des 5" qui se remet en route pour Songpan. Une petite semaine à plus de 3000 mètres d'altitude, un détour par la petite ville de Langmusi, des temples aux toits couvert d'or (?), de moines drapés de rouge et d'une soirée crêpes, encore plus de troupeaux de yak, de nuit à -15° C, de petit-déjeuner porridge et de plaines remplies de drapeaux à prières tibétains.
Rémy nous quittera en route pour des urgences consulaires (plus de détails sur son site) et c'est heureux mais fatigués et un peu fiévreux que nous arriverons à Songpan. Décrit dans notre guide comme étant un petit village de montagne, camp de base idéal pour aller randonner dans les montagnes alentours, nous y trouverons des petits commerces bien propres pour les touristes, des menus en anglais et surtout, des dizaines d'immeubles en construction hideux poussant comme des champignons surtout pour pallié au manque de logement que le tremblement de terre de septembre 2009 à détruit. Il n'y a pas de chauffage dans notre chambre mais l'eau est chaude et les Jeux Olympiques Asiatique se déroulant en ce moment à Guangzhou dans le sud de la Chine (ou Canton) occupent bien nos soirées télé ...
La suite, c'est encore un peu de repos, puis un passage de 2900 à 500 m d'altitude pour retrouver un peu de chaud et arriver à Leshan où nous espérons être d'ici une semaine
PS : Des images plutôt que des mots, les photos de notre album Chine sont en ligne !